Le neuvième Imam est Muhammad Al-Jawad fils de Ali Al-Redha. Sa mère était Dame Sabika. Il naquit, le 10 Rajab 195 A.H., à Médine et mourut empoisonné à Bagdad le 5 zoulqa’da 220 A.H. Il fut inhumé derrière le mausolée de son grand-père, l’Imam Moussâ al-Kâzim, à Kâzimiyya où se trouve aujourd’hui également son propre mausolée.
L’Imam fut le plus grand érudit de son temps, le plus généreux et le meilleur bienfaiteur. Il fut très coopératif, gentil, de bonne disposition, et très éloquent. Il avait l’habitude de monter sur son cheval pour apporter de l’argent et des aliments aux nécessiteux.
Un jour plusieurs personnes se rassemblèrent autour de lui à la Mecque et lui posèrent des milliers de questions en une séance. L’Imam répondit à toutes les questions sans hésitation ni fausse note. A l’époque il n’avait que neuf ans. Mais un tel phénomène (miraculeux) n’est pas inhabituel chez les Ahlul Bayt (p).
Débat et sciences de l'imam
Dans son livre « al-Irshâd », ash-Cheikh al-Mufîd a écrit : « Constatant les vertus de Abû Ja’far (p) en dépit de son bas âge, et le degré qu’il a atteint en matière de science, de sagesse, de culture et de perfection d’esprit, degré qui n’était atteint par aucun des savant de son époque, al-Ma’mûn en était tellement passionné et admiratif qu’il lui a donné en mariage sa fille Umm al-Fadl. Abû Ja’far (p) l’a emmenée avec lui à Médine entouré de toutes les faveurs et de tous les respects de al-Ma’mûn ».
Un peu avant le mariage, un juge du nom de Yahya Ibn Ektham réputé en matière de polémique, interpella l’imam, en présence de Al-Mamu'n, en ces terme : « O Abu Ja’far que dis tu à propos d’un homme vêtu de l’habit rituel du pèlerinage (ihram, qui se porte pendant les rites du Hajj et qui rend illicite certains actes), et qui aurait tué un gibier » ?
L’imam répondit : « cela dépend : l’a-t-il tué exprès ou par accident ? Le chasseur était-il libre ou esclave ? Mineur ou majeur ? Le gibier était-il de la volaille ou autre ? Etait-il petit ou grand ? Le chasseur a-t-il regretté son acte ou pas ? Le gibier était-il tué le jour en liberté ou la nuit dans son nid ? L’habit rituel était-il porté pour le petit pèlerinage (‘omra) ou pour le grand (Hajj) ? ». Ensuite l’imam répondit lui-même à tous les embranchements de la question et Ibn Ektham qui n’avait pas prévu tous ces détails à sa propre question se sentit très ridicule et avili.
Perplexe, Ibn Aktham ne savait pas quoi dire et il s’est mis à marmotter. Toute la séance s’est rendue compte de son échec et de sa honte. Al-Ma’mûn a donc pris la parole et a dit : ‘Gloire à Dieu pour cette bénédiction et pour la justesse de mon choix’. Puis, regardant les siens, il leur a dit : ‘reconnaissez-vous maintenant ce que vous avez nié hier ?’.
Puis, se tournant vers Abû Ja’far, il lui a dit : ‘Veux-tu demander la main de ma fille, ô Abû Ja’far ?’. Recevant la réponse affirmative, al-Ma’mûn lui a dit : ‘Que je sois sacrifié pour toi ! Je te donne ma fille Umm al-Fadl en mariage, même si certains ne le souhaitent pas’. Après cela, al-Ma’mûn lui a demandé de poser une question à Ibn Aktham. Abû Ja’far (p) a dit à Ibn Aktham : ‘Puis-je te poser une questions ?’. Il a répondu : ‘C’est à toi de décider. Je saurais peut-être répondre, sinon tu me donneras la réponse’.
Abû Ja’far (p) lui a donc posé la question suivante : ‘Que dis-tu au sujet d’un homme qui a regardé une femme au début de la journée mais que son regard était illicite. Quelques moments plus tard, la femme lui était licite. A midi, elle lui était illicite. Dans l’après-midi, elle lui était licite. Au coucher du soleil, elle lui était illicite. Au moment de la prière du soir, elle lui était licite. A minuit, elle lui était illicite. A l’aube elle lui était licite. Qu’en était-il de cette femme ? Et pourquoi elle lui était tantôt licite tantôt illicite ?’.
Yahyâ a répondu : ‘Par Dieu, je ne connais pas la réponse ! Peux-tu nous la donner ?’
Abû Ja’far (p) a dit : ‘Cette femme est une esclave qui appartient à un certain homme. Un homme étranger l’a regardée au début de la journée et son regard était illicite. Quelques moments plus tard, il l’a achetée, et là il lui était licite de la regarder. A midi, il l’a affranchie et il ne lui était plus licite de la regarder. Dans l’après midi, il s’est marié avec elle et elle lui était devenue licite. Au coucher du soleil, il a juré de ne plus la prendre comme femme et elle lui était devenue illicite. Au moment de la prière du soir, il a versé une expiation et elle lui était redevenue licite. A minuit, il l’a divorcée et elle lui était devenue illicite. A l’aube il s’est remarié avec elle et elle lui était redevenue licite’.
Alors, al-Mâ’mûn s’est adressé aux siens et leur a dit : ‘Y a-t-il parmi vous quelqu’un qui saurait répondre à une telle question ?’.
Ils ont tous répondu : ‘Par Dieu ! Que non. Le commandeur des croyants sait mieux que nous ce qu’il y à faire’ » (1).
Tout cela nous permet de dire à propos de l’Imâm al-Jawâd qu’il est « l’Imâm miraculeux ». Avec toute cette science qui lui est inspirée par Dieu, il est vraiment un miracle dans la mesure où les savants de l’époque ne pouvaient pas l’égaler alors que lui n'était qu'un jeune garçon.
L’Imâm al-Jawâd (p), le miracle de l’Imâmat
L’Imâm al-Jawâd (p) est celui qui, très tôt, a été ouvert à la ligne de l’Imâmat (il a été imam alors qu'il était un jeune garçon). On peut dire à son compte ce qui est dit par Dieu en ce qui concerne la prophétie de Yahyâ (p) : ((Nous lui avons donné la sagesse alors qu’il n’était qu’un petit enfant)) (Coran XIX, 12). Après la mort de son père, l’Imâm ‘Alî Ibn Mûssâ ar-Ridâ (p), l’Imâm al-Jawâd (p) a assumé toutes les responsabilités de l’Imâmat.
Car son Imâmat était ouvert à toute la réalité alors qu’il était encore très jeune. Il a surpris les raisons tellement ses sciences étaient immenses, tellement il donnait les réponses exactes aux questions les plus compliquées qu’on lui posait, tellement il avait le pouvoir de montrer les qualifications de la loi divine.
Dès sa tendre enfance, l’Imâm a pu prouver la validité et l’efficacité de l’Imâmat.
Muhammad Ibn Talha nous rapporte le récit suivant : « Après la mort de son Père, ar-Ridâ (p) et l’arrivée, un an après, du calife al-Ma’mûn a Bagdad, celui-ci, ayant voulu aller à la chasse, il a pris un chemin au bout de la ville où des enfants étaient en train de jouer et Muhammad al-Jawâd se trouvait parmi eux. Il avait alors onze ans environ. A la vue du calife, les enfants ont détalé loin, mais Abû Ja’far, Muhammad (p) n’a pas bougé de sa place. Alors le calife s’est arrêté (…) et lui a dit : « Pourquoi, enfant, n’as-tu pas cédé la place avec les enfants ? ». Muhammad al-Jawâd (p) lui a répondu immédiatement : « Ô commandeur des croyants, le chemin n’est pas étroit pour que je puisse le rendre plus large pour toi en m’y retirant. Je n’ai pas commis un crime que j’aurais à craindre. Et j’ai de toi une bonne pensée : Tu ne fais pas de mal à celui qui n’a pas commis une faute. C’est pour cette raison que je suis resté » (2).
Ces paroles sages et équilibrées révèlent une connaissance profonde de l’homme qui est en confrontation avec le pouvoir qui le menace, le terrorise et le contraint à s’éclipser. Mais pourquoi avoir peur lorsqu’on n’aura pas commis un crime qui implique un châtiment ? Pourquoi devrait-il céder la place si le chemin est assez large pour le passage des autres ? Pourquoi devrions-nous avoir peur lorsqu’on est innocent et lorsque celui qui détient le pouvoir est équilibré et juste dans ses jugements et dans ses relations avec les gens ?
A cela s’ajoutent le courage de l’attitude, l’audace du discours et la fermeté de la volonté, qui sont des choses qu’on ne trouve pas ordinairement chez une personne qui n’a que la raison d’un enfant. Cela révèle l’existence d’un esprit réfléchi et ouvert à la réalité grâce à une faculté sainte et de provenance divine. C’est cette faculté qui a obligé al-Ma’mûn et les gens qui l’entouraient à respecter l’imâm comme nous le verrons plus tard.
‘Alî Ibn Ja’far, Safwân Ibn Yahyâ, Mu’ammar Ibn Khallâd, al-Hussein Ibn Bashshâr, Ibn Abû Nasr al-Bîzantî, Ibn Qayâmâ al-Wâsitî, al-Hassan Ibn al-Jahm, Abû Yahyâ as-San’ânî, al-Khayrânî, Yahyâ Ibn Habîb az-Zayyât et beaucoup d’autres (3) ont rapporté que l’Imâm Abû al-Hassan ar-Ridâ (p) a désigné son fils Abû Ja’far al-Jawâd (p) comme Imâm après lui. On lit dans Târîkh al-Mas’ûdî (Histoire de Mas’ûdî) qui le tient d’une chaîne de transmetteurs qui finit par Muhammad Ibn al-Hussein Ibn Asbât, le texte suivant : «’Alî, Abû Ja’far, était sorti à notre rencontre. Je me suis alors mis à le regarder pour pouvoir le décrire à nos compagnons en Egypte. Il m’a dit : ‘Ô ‘Alî Ibn Asbât ! Dieu a donné des arguments en ce qui concerne l’Imâmat tout comme Il a donné des arguments en ce qui concerne la Prophétie. Il a dit à ce propos : « Nous lui avons donné la sagesse alors qu’il n’était qu’un petit enfant » (Coran XIX, 12). Et « lorsqu’il a atteint l’âge adulte, Nous lui donnâmes la sagesse et la science » (Coran XII, 22). Il est donc possible que la sagesse lui soit donnée alors qu’il n’est qu’un petit enfant, ou lorsqu’il atteint l’âge de quarante ans’ » (4).
Au sujet du bas âge de l’Imâm al-Jawâd (p) lorsqu’il a remplacé son père, l’Imâm ar-Ridâ (p)
1- Une Tradition rapportée par ‘Abdullah Ibn Ja’far dit : « je me suis rendu avec Safwân Ibn Yahyâ chez l’Imâm ar-Ridâ (p). Son fils Abû Ja’far (p) était debout et il avait trois ans. Nous lui avons dit : ‘Que nous soyons sacrifiés pour toi ! Si quelque chose t’arrive, qui sera l’Imâm après toi ?’. Il a répondu en le désignant du doigt : ‘Mon fils que voici’. Nous lui avons dit : ‘Même à cet âge ?’. Il a répondu : ‘Même à cet âge. Dieu, le Très-Haut, a investi Jésus alors qu’il avait deux ans’ » (5).
2- On lit dans « al-Irshâd » : « Abû al-Qâssim, Ja’far Ibn Muhammad, qui le tient de Muhammad Ibn Ya’qûb, qui le tient de al-Hussein Ibn Muhammad qui le tient de al-Khayrânî, qui le tient de son père, m’ a dit : ‘Je me trouvais debout devant Abû al-Hassan ar-Ridâ (p) au Khorasan. Quelqu’un lui a dit : ‘Maître ! Si quelque chose t’arrive, qui sera l’Imâm après toi ?’. Il a répondu : ‘Mon fils, Abû Ja’far’. Celui qui a posé la question paraissait insatisfait eu égard à l’âge de Abû Ja’far. Alors Abû al-Hassan (p) lui a dit : ‘Dieu a envoyé Jésus, Fils de Mariyam, en tant que messager et prophète porteur d’une loi sans précédent alors qu’il n’avait pas l’âge de Abû Ja’far’ » (6).
3-Abû al-Qâssim, Ja’far Ibn Muhammad, qui le tient de Muhammad Ibn Ya’qûb, qui le tient de Muhammad Ibn Yahyâ, qui le tient de Ahmad Ibn Muhammad Ibn Îssâ, qui le tient de Mu’ammar Ibn Khallâd qui a dit : « J’ai entendu ar-Ridâ (p) dire alors qu’on parlait des signes grâce auxquels on reconnaît l’Imâm : ‘Vous n’avez pas besoin de cela. Voici Abû Ja’far ; je l’ai mis à ma place. Nous sommes d’une Maison où nos petits héritent toutes choses de nos grands’ » (7).
Nous remarquons que dans ces textes, l’Imâm ar-Ridâ (p) qui voulait affirmer la capacité de l’Imâm al-Jawâd (p) de tenir l’Imâmat en dépit de son bas âge, voulait aussi montrer aux personnes qui l’interrogeaient à ce sujet qu’il existe dans l’Imâmat un élément invisible, qui provient de l’Au-delà et qui ne se soumet pas aux critères habituels reconnus par les gens. Il voulait les porter à le comprendre à travers les facultés sacrées qui paraîtront à l’avenir et qui prouveront la validité de son Imâmat.
Les responsabilités et les instructions de l’Imâmat
Malgré son jeune âge, lui qui n’a vécu que vingt-cinq ans, l’Imâm al-Jawâd (p) a émis des hadiths qui ont été rapportés par un grand nombre de savants. As-Sayyid al-Amîn les dénombre en disant : « Al-Khatîb al-Baghdâdî a écrit dans ‘Târîkh Baghdâd’ –l’Histoire de Baghdâd- Muhammad Ibn ‘Alî al-Jawâd a rapporté les Hadîths de son père, ar-Ridâ. Il est écrit dans le livre intitulé ‘al-Manâqib’ : ‘Son portier était ‘Uthmân Ibn Sa’îd as-Sammân’. Parmi ses hommes de confiance, on comptait Ayyûb Ibn Nûh Ibn Darrâj al-Kûfî, Ja’far ibn Muhammad Ibn Yûnus al-Ahwal, al-Hussein Ibn Muslim Ibn al-Hassan, al-Mukhtâr Ibn Ziyâd al-‘Abdî al-Bassrî et Muhammad Ibn Al-Hussein Ibn Abû al-Khattâb al-Kûfî. On comptait parmi ses compagnons Shâdhân ibn Khalîl an-Naysâbûrî, Nûh Ibn Shu’ayb al-Baghdâdî, Muhammad Ibn Ahmad al-Mahmûdî, Abû Yahyâ al-Jurjânî, Abû al-Qâssim Idrîs al-Qummî, ‘Alî Ibn Muhammad, Harûn Ibn al-Hassan Ibn Mahbûb, Ishâq Ibn Ismâ’îl an-Naysâbûrî, Abû Hâmid Ahmad Ibn Ibrâhîm al-Murâghî, Abû ‘Alî Ibn Bilâl, ‘Abdullâh Ibn Muhammad al-Husaynî et Muhammad Ibn al-Hassan Ibn Shimûn al-Basrî. L’auteur des ‘Manâqib’ a écrit dans un autre endroit : ‘Beaucoup d’auteurs ont rapporté ses Hadîths. On en compte Abû Bakr Ahmad Ibn Thâbit dans son ‘Târîkh’, Abû Ishâq, dans son ‘Tafsîr’ et Muhammad Ibn Mandah Ibn Muharbidh, dans son ‘Livre’ (8).
Entouré des gens et de ses compagnons, l’Imâm al-Jawâd (p), a assumé les responsabilités de l’Imâmat. Ils enseignait aux gens et les habituait à être tolérants et ouverts. Il le faisait même avec ceux qui n’avaient pas les mêmes avis que lui, surtout lorsqu’ils étaient de ses proches. Quelqu’un lui a écrit une lettre dans laquelle il lui disait : « Mon père est l’un des Nawâsib (ceux qui haïssaient les Gens de la Maison). Il entretient des vues ignobles. Il vous hait, vous insulte et vous considère comme des ennemis. Il me cause beaucoup de peine et il me fait souffrir. Invoque Dieu pour moi si tu le trouves bon et penses-tu (Que je sois sacrifié pour toi) que je dois le côtoyer ou m’opposer à lui ? ».
L’Imâm al-Jawâd (p) lui a écrit la réponse que voici : « J’ai compris ce que tu as dit dans ta lettre au sujet de ton père. Je prierai pour toi, si Dieu le veut. Le côtoyer vaut mieux que de t’opposer à lui. Il se peut qu’il finisse par s’incliner vers toi et, après cela, vers tes vues. La facilité vient après la difficulté. Sois patient car ceux qui craignent Dieu auront ce qu’ils désirent. Que Dieu te raffermit sur la voie de la reconnaissance de l’Autorité de ceux que tu reconnais. Nous sommes, nous et vous, confiés à Dieu qui ne perd pas ce qu’on Lui confie » (9).
Plus tard, cet homme a dit que son père a fini pour s’ouvrir vis-à-vis de lui. Il ne le contredisait en rien grâce à la prière de l’Imâm et ses instructions.
L’un de ses compagnons, à savoir Abû Hâshim al-Ja’farî a dit : « J’ai entendu Abû Ja’far dire : ‘Le Paradis a une porte dont le nom est ‘le Bien’ et elle n’est franchie que par ceux qui font le bien’. J’ai alors remercié Dieu en mon secret et j’étais content en raison des services que je rendais aux gens. Il m’a alors regardé et m’a dit : ‘Continue de faire ce que tu fais ; ceux qui font le bien dans ce bas-monde sont les gens de bien dans l’autre monde’ ». Si tu fais du bien dans ce bas monde, Dieu fera que tu sois parmi les gens du bien au Paradis et t’y fera entrer par la porte du Bien.
As-Sadûq rapporte de ‘Alî Ibn Mahyâr ce qui suit : « J’ai dit à Abû Ja’far II (l’Imâm al-Jawâd) (p) : ‘Que signifient des paroles divines comme « Par la nuit qui couvre tout ! Par le jour en son éclat » (Coran XCII, 1-2), et « Par l’étoile quand elle décline ! » (Coran LIII, 1) ? Il m’a répondu : ‘Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire jure par toute chose parmi Ses créatures ; Ses créatures n’ont le droit de jurer que par Lui, à Lui la Grandeur et la Gloire’ » (10).
Al-Kulaynî rapporte de ‘Uthmân Ibn Sa’îd, l’un des habitants de Hamadân, qui le tient de Abû Thumâma, qui a dit : ‘ J’ai dit à Abû Ja’far II (p) : ‘Je veux aller vivre à la Mecque ou à Médine mais je suis endetté ; qu’en penses-tu ?’. Il m’a répondu : ‘Va d’abord et rembourse tes dettes et fais ton possible pour rencontrer Dieu sans que tu sois endetté, car le croyant ne trahit jamais’ » (11).
On allait vivre à la Mecque ou à Médine par dévotion. L’Imâm al-Jawâd (p) a affirmé qu’une telle entreprise ne justifie pas à cet homme le fait de ne pas rembourser ses dettes, car cela constitue une trahison alors que le croyant ne trahit jamais.
Parlant du fait d’écouter les autres et de faire attention à ce qu’ils disent lorsqu’ils parlent des concepts et des principes, l’Imâm al-Jawâd (p) a dit : « Celui qui écoute quelqu’un qui parle ne fait que l’adorer. Si celui qui parle rapporte ce que Dieu dit, celui qui écoute adore Dieu. Si celui qui parle le fait comme s’il était le Diable, celui qui écoute ne fait qu’adorer le Diable ».
Lorsque tu écoutes de tous tes sens quelqu’un qui parle, ce que tu fais est une sorte d’adoration. Si celui qui parle rapporte ce que Dieu et Son Messager (p) ont dit, alors tu adores Dieu car tu es attiré par les paroles de Dieu et de Son Messager (p). Mais si celui qui parle le fait à la manière du Diable qui ne fait que parler des discordes, des péchés et du mal afin de provoquer les gens et le diriger dans un sens qui n’est pas celui voulu par Dieu, alors celui qui l’écoute ne fait qu’adorer le Diable. Pour cette raison, lorsque vous écoutez un orateur, vous devez savoir ce qu’il représente en parlant, s’il prononce les paroles de Dieu ou celles du Diable.
Au sujet des qualités du croyant, l’Imâm al-Jawâd (p) a dit : « Le croyant a besoin de trois qualités : Une bonne direction de la part de Dieu, un bon sermonneur de la part de soi-même et un bon accueil des conseils qu’on lui fournit ».
Dieu entoure le croyant de Ses grâces qui lui ouvrent la raison, qui lui enrichissent le cœur et qui le conduisent sur la voie de la bonne Guidance. Il s’approprie ainsi la conscience, l’équilibre et la droiture ainsi que l’aptitude à rendre des comptes à soi-même, à penser au temps qu’il a vécu et s’il l’a vécu en faisant du bien ou du mal. S’il l’a vécu en faisant du bien, il continue de faire le bien. S’il l’a vécu en faisant du mal, il arrête de le faire.
Pour se faire, il lui faut beaucoup d’objectivité et de rationalisme qui incitent le croyant à s’opposer à ses passions. Il lui faut beaucoup de connaissances relatives à la réalité où il vit pour faire la part des choses négatives et des choses positives au niveau de la destinée. Il lui faut aussi accepter le conseil. Il y a des gens qui viennent vers toi pour te fournir des conseils nécessaires pour ta vie dans ce bas-monde et dans l’Autre monde, pour te montrer tes erreurs et t’indiquer la bonne voie. Tu dois accepter le conseil de celui qui te fournit des conseils. Tu dois donner le bon exemple à toi-même et invoquer la grâce du Seigneur.
(1)- Al-Irshâd de ash-Sheikh al-Mufîd, p. 281 sq, édition, Beyrouth.
(2)- Kasf al-Gumma, tome 4, p. 187
(3)- Al-Irshâd de ash-Sheikh al-Mufîd, p. 297
(4)- Ithbât al-Wassiyya, p. 312
(5)- Kifâyat al-Athar, p. 324
(6)- Al-Irshâd, p. 279
(7)- Ibid, p. 276
(8)- Fî Rihâb A’immat Ahl al-Beit, tome 4, pp. 169-170