La Famille Du Prophète
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L'Imam Ali

L'Imam Ali


Naissance

L'Imam 'Ali  naquit à la Mecque 23 ans avant l'Hégire, exactement le 13 du mois de Rajab alors que le Prophète avait 30 ans.

Il est le fils de Abu Talib qui lui-même est le fils de Abdul Muttalib. Ce dernier est le père de Abdallah lequel est le père du Prophète Muhammad. Ainsi l'Imam 'Ali était le cousin direct du Prophète. Sa mère est Fatimâ Bint Assad. Donc l'Imam Ali est né d'un père et d'une mère tous deux Hachimites.

Le vendredi 13 Rajab (de l'an 30 de l'Éléphant), 12 ans avant le début de la Mission du Prophète Mohammad (P) Fâtimah Bint Asad alla à la Ka'ba. Elle implora Dieu : «Mon Dieu! Je crois en Toi et en tous Tes Livres et Messagers. Je crois aussi aux paroles de mon aïeul, Ibrâhîm al-Khalîl et en le fait qu'il a construit la Maison Ancienne (al-Bayt al-'Atîq). Je T'adjure donc, par celui qui a construit cette Maison et par l'enfant que je porte dans mon ventre, de faciliter mon accouchement».

Et c'est pendant qu'elle faisait le Tawaf , et après cette prière que la Ka'bah se fissura en un endroit du côté de Al Mustadiaar par lequel elle s'introduisit dans la Ka'bah pour donner le jour à son illustre enfant, l'Imam 'Ali. La fissure de la Kaaba est toujours visible jusqu'à aujourd'hui. 

Abû Tâlib et les siens apprirent la bonne nouvelle et accoururent à la Ka'bah. Mohammad al-Mustafâ (P), qui se trouvait parmi eux, s'avança, porta le nouveau-né et l'amena à la maison de son oncle, Abû Tâlib, où il avait grandi et qu'il n'avait quittée qu'après son mariage avec Khadîjah.

Donc le Prophète fut la première personne qu'il vit dés sa naissance. L'Envoyé de Dieu remercia le Tout-Puissant, lava le nouveau-né et prédit qu'à sa mort c'est l'Imam Ali qui fera son bain mortuaire. Cette prédiction se réalisera de façon effective.


naissance de l'imam Ali 


Education et enfance

Les jours s'écoulèrent et 'Alî grandissait, entouré des soins, de l'affection et de la tendresse de ses parents et de son cousin Mohammad (P) qui passait souvent dans la maison de son oncle, où il avait passé son enfance et sa jeunesse et où il se sentait maintenant très attaché à cet enfant béni qui la remplissait de joie.

Six ans après la naissance bénie de l'Imâm 'Alî, les Quraych connurent une crise économique aiguë dont l'impact sur Abû Tâlib était particulièrement dur, en raison de sa famille nombreuse et de sa position sociale à la Mecque, qui faisait de sa maison un refuge pour tous les nécessiteux.

Le Noble Mohammad (P) répugnait à voir son oncle, son éducateur et protecteur et le doyen de la tribu tomber en proie à cette situation insupportable. Il se rendit chez son autre oncle, al-'Abbâs Ibn 'Abdul-Muttalib, alors le plus riche des Banû Hâchim, et lui dit: «Oncle! Comme tu le sais, ton frère, Abû Tâlib a une famille nombreuse et tu connais la crise économique qui sévit! Que dirais-tu si nous allions chez lui pour alléger sa charge en nous occupant chacun d'un de ses fils?».

Al-'Abbâs souscrivit à la proposition de son neveu, et ils se rendirent chez Abû Tâlib, lui firent part de leurs soucis et lui suggérèrent de le décharger de deux de ses fils, 'Alî (p) et Ja'far. Abû Tâlib accepta. Al-'Abbâs amena Ja'far et le Noble Mohammad (P) se chargea de 'Alî (p), âgé alors de six ans.

Dès lors, 'Alî (p) grandira dans la maison du Message et dans le giron du Messager d'Allah qui le traitera comme un fils ou comme un petit frère, le façonnera à son image et lui inculquera la morale prophétique.


Ecoutons ce que l'Imâm 'Ali dira lui-même de l'éducation et des soins qu'il avait reçus : 
«Vous connaissez ma proche parenté avec le Messager d'Allah (P) et ma position particulière auprès de lui. Il m'a mis dans son giron alors que j'étais tout petit. Il m'étreignait sur sa poitrine, il m'entourait dans son lit, il me faisait toucher son corps et sentir son parfum. Il mâchait les aliments pour les remettre par la suite dans ma bouche. Il ne m'a jamais entendu mentir ni ne m'a jamais vu commettre une faute dans une action».


Et l'Imâm 'Alî (p) de poursuivre : 
«Allah le faisait escorter, depuis qu'il avait été sevré, du plus grand de Ses Anges, pour lui faire emprunter la Voie des noblesses et de la haute morale, jour et nuit. Et moi, je le suivais comme un chamelon suit sa mère. Il m'apprenait alors chaque jour un aspect de ses nobles moeurs et m'ordonnait de suivre son modèle».


Et d'ajouter : 
«Chaque année, il se retirait dans la grotte de Harâ' où j'étais la seule personne à le voir. A cette époque, une maison ne réunissait dans l'Islam que le Messager d'Allah (P), Khadîjah et moi, leur troisième. J'y voyais la lumière de la Révélation et du Message et j'exhalais le vent de la Prophétie...». 

 

Il avait neuf ans lorsque le Prophète de l'Islam  qui en avait 40, reçut le Message de Dieu. Le jeune 'Ali le crut aussitôt sans avoir eu à pratiquer une quelconque autre religion ou croyance. Et cela à un âge où ses actes ne sont pas encore comptabilisés auprès de Dieu. Ainsi donc on peut affirmer qu'il est né musulman et donc il est le premier musulman après le prophète et sayeda Khadija.

L'élève du prophète

De plus en tant que premier élève et disciple du Prophète , il eut le privilège d'apprendre auprès de son éducateur « 1000 portes de connaissances qui ouvrent 1000 autres portes ».

On peut alors comprendre ce Grand Homme lorsqu'il dira plus tard à son peuple : 
«Demandez-moi avant que vous ne me perdiez. Il n'y a pas un seul verset qui soit descendu sans que je ne sache à quel moment et dans quel contexte il est descendu.»

Le Prophète (P) en personne confirma cela en disant dans un hadith célèbre : « Je suis la Cité de la Connaissance et 'Ali en est la Porte ».

Par ailleurs,il a été rapporté de Ibn Abbas ce hadith très célébre : « Toute la Connaissance a été divisée en dix parties qui ont toutes été maîtrisées par l'Imam 'Ali (P). Une seule de ces dix parties a été mise à la portée de toute l'humanité et dans cette dixième partie l'Imam était encore le plus savant.»

Son remplacement du Prophète lors de l'hégire, et sa propre hégire ensuite

Lorsque le Prophète fit l'Hégire de La Mecque à Médine, il ordonna à 'Ali de passer la nuit dans son lit, les mécréants qui voulaient tuer le prophète ont été surpris de voir Que Ali était à la place du prophète. Le prophète ordonna à Ali aussi de rester là-bas trois jours pour rendre à leurs propriétaires les dépôts confiés au Prophète et de le rejoindre ensuite à Médine. Il émigra de La Mecque à Médine à pied avec Fatima bint Assad (sa mère), Fatima Al Zahra (la fille du prophète, sa cousine et futur épouse) et Fatima bint Hamza (sa cousine).


Le mariage de l'Imam Ali avec Fatima

Dieu décida que l'Imam Ali (P) épousa la fille et combien adorée du Prophète (P), Fatimâ Zahra (P). Un mariage « lié par Dieu Lui-même et qui était destiné à être à l'origine d'une progéniture illustre qu'on appelle les fils du Prophète (P) qui sont distingués des autres membres de la umma par leur titre d'Imams ou de Commandeurs des croyants et par leur position de successeurs du Prophète de Dieu (P). », selon Sayyed Safdar Husayn dans « Histoire des premiers temps de l'Islam », page 102; ainsi que l'ont également écrit Tabari et Al Tabrani en citant des hadiths du Prophète.

En effet devant les hésitations de l'Imam 'Ali (P), dues à la très grande pudeur et timidité et au respect immense qu'il nourrissait pour le Prophète , ce dernier appela sa fille Fatima et lui tint ce langage : « Dieu a élu parmi les plus nobles créatures de la terre deux hommes : ton père et Ali. Dieu a décidé que ma progéniture sortira de toi et lui. »

La douce Fâtima acquiesça et accepta ainsi, après avoir poliment refusé maints autres prétendants, que 'Ali devint son époux. Remarquons qu'avant la demande de l'imam Ali, beaucoup de compagnons ont demandé la main de Fatima, mais elle et son père refuserent toujours, car l'ordre du mariage de Fatima devait venir de Dieu.


 

Au service de l'Islam

Si on devait citer et illustrer toutes les vertus de l'Imam Ali , il nous aurait fallu des milliers de livres pour les exposer. On ne saurait tout de même ne pas parler de sa foi sans faille en Allah, de son dévouement sans limites au Prophète, de son Savoir sans bornes, de son très grand courage, de ses immenses qualités de justice, de générosité, de bonté, et de charité.

Il prouvera plusieurs fois sa foi sans tâche, son dévouement au Prophète de l'Islam et son courage intrépide en posant des actes très explicites notamment - lors des guerres, toutes défensives, auxquelles il a eu à participer, également lors de l'émigration forcée du Prophète vers Médine (l'Hégire).

En effet il a participé à toutes les guerres saintes sauf à celle de Tabuk. A l'occasion de cette dernière, le Prophète lui demanda de rester à Médine. Les Munafikhines (hypocrites) commencèrent alors à médire en faisant circuler l'idée que le Prophète avait laissé son cousin avec les femmes, tout en insinuant de mauvaises intentions à la hauteur de la jalousie qu'ils nourrissaient pour 'Ali.

l'Imam, atteint par de telles médisances demanda au Prophète (P) de lui permettre de participer à cette guerre. L'Envoyé de Dieu lui dit : « Est- ce que tu ne veux pas être pour moi ce que Haroun était pour Moûssa sauf qu'il n'y a pas de Prophète après moi ? ». 'Ali comprit alors la stratégie du Prophète qui voulait laisser un homme de confiance derrière lui pour assurer ses arrières c'est - à - dire pour la sécurité des vieillards, des femmes et des enfants ainsi que la protection de la ville de Médine qui était alors la Capitale de l'Islam.

Nous allons, ici, seulement aborder quatre batailles


La bataille de Badr 

Les deux armées s’affrontèrent le 17 Ramadhan 2 A.H. L’armée musulmane se composait de 313 soldats avec pour tout et en tout 2 chevaux et 70 dromadaires. L’armée mecquoise possédait 900 soldats, 100 chevaux et 700 dromadaires. Ils étaient bien plus équipés que les Musulmans et bien plus nombreux.

Selon la coutume arabe, la bataille était précédée d’un combat singulier (d’homme à homme). Trois valeureux guerriers, Outbah bin Rabiyah, Chaybah bin Rabiyah et Walid bin Outbah défièrent les Musulmans. Trois Musulmans, Awf, Ma'ouz et Abdoullah Rawahah s’avancèrent. Ces hommes étant des Ansars de Médine, Outbah dit : "Nous ne nous battrons pas avec vous. Envoyez-nous nos égaux. "

Le Saint Prophète (s) envoya alors Oubaydah, Hamza et l'Imam Ali (a). Oubaydah affronta Outbah, Hamza affronta Shaybah et l'Imam Ali (as) affronta Walid. Hamza et Imam Ali (as) eurent vite fait de tuer leurs adversaires, mais Oubaydah fut gravement blessé et mourut. Les Koraïchites furent perturbés de voir l’adresse des guerriers musulmans et se mirent à attaquer ensemble... Les musulmans gagnèrent cette guerre.
 




La bataille d'Ouhoud

L'homme qui commença la bataille d'Ouhoud s'appelait Talha bin Abi Talha, un grand guerrier mécréant de l'armée d'Abou Soufyân. Il s'engagea dans le champ de bataille et défia les Musulmans à se battre un contre un. Le défi fut accepté par 'Ali (as) et en moins de deux le corps inerte de Talha gisait sur le sol. L'étendard fut pris par deux de ses frères, mais les deux furent abattus par les flèches des Musulmans.

Neuf Mecquois prirent l'étendard, l'un après l'autre, mais chacun d'eux fut envoyé en Enfer par 'Ali (as). Ensuite, un soldat Ethiopien du nom de Sawaab s'avança sur le champ. Il avait un visage effrayant et en le voyant aucun Musulman n'osa avancer. Cet homme fut tué par 'Ali (as) d'un seul coup.


La Bataille de Kaybar

A l'occasion de cette bataille les Musulmans connurent une tâche des plus éprouvantes qui consistait à attaquer une forteresse juif bien protégée par un rempart infranchissable.

Précisons tout de suite que le motif de cette bataille était essentiellement la violation par les habitants de Khaybar du traité de protection mutuelle entre Médine et Khaybar au bénéfice d'un rapprochement de cette dernière avec la Mecque.

Cette violation constituait une menace pour la sécurité des habitants de Médine et en particulier celle du Prophète. En un mot il s'agissait d'une déclaration de guerre des habitants de Khaybar contre ceux de Médine. De là, la bataille était bien défensive.

Le Prophète avait désigné plusieurs de ses compagnons parmi lesquels Abu Bakr, Khalid Ibn Walid, 'Umar Ibn Al Khattab, pour mener l'assaut contre le rempart ennemi. Mais ils avaient tous échoué devant l'ampleur de la tâche.C'est ainsi que le Prophète (P) fut amené à prendre la décision suivante : «Demain je remettrai mon Drapeau à quelqu'un que Dieu et Son Prophète aiment, un éternel fonceur redoutable qui ne tourne jamais le dos à l'adversaire. C'est par lui que le Seigneur accordera la victoire.»

Chacun des principaux compagnons du Prophète était soucieux d'être le lendemain l'illustre élu. Personne ne pensait qu'il pouvait s'agir de l'Imam 'Ali d'autant plus que ce dernier était non seulement très malade des yeux et ne pouvait rien voir mais aussi était même absent selon certains hadiths (d'après Al Tabarî et Rawdhat al-Ahbâb entre autres).

Quelle ne fut alors la surprise de l'assistance lorsque le lendemain le Prophète fit venir 'Ali et après avoir appliqué sa salive sur ses yeux le guérissant ainsi définitivement de sa maladie, lui demanda de porter son Étendard contre le front ennemi. On dit que l'Imam 'Ali ne souffrit plus jamais de maux d'yeux jusqu'à la fin de sa vie.

La suite est connue : l'Imam 'Ali triompha de ses ennemis, il ouvra tout seul la porte qui s'ouvre normalement avec 40 hommes et fut chaleureusement accueilli par le Prophète. Ce dernier encouragea ses adeptes qui avaient échoué tout en citant en exemple l'Imam 'Ali à qui il donna le surnom de « Assadullâh » (Le Lion de Dieu)



La Bataille de Khandaq (du fossé), aussi appelée la Bataille de Ahzab (les tribus) 

 Il s'agit de la troisième guerre entre le Prophète (Ç) et les incroyants de l'Arabie, et la dernière que les habitants de La Mecque livrèrent. Ce fut une guerre féroce, en ce sens que les infidèles y engagèrent toute leur puissance. Dans l'Histoire, cette bataille est connue sous le nom de "Bataille de Ahzâb" (les tribus) ou "Bataille de Khandâq" (la tranchée).

Après la bataille d'Ohod, les notables de La Mecque, conduits par Abû Sufiyân, firent une tentative désespérée pour éteindre la Lumière de l'Islam en essayant de se débarrassant du Prophète (Ç) une fois pour toutes.

Le Prophète (Ç), qui avait déjà été mis au courant des préparatifs belliqueux de l'ennemi, se concerta avec ses Compagnons. Après de longues délibérations, un Compagnon éminent, Salmân al-Farecî, conseilla de creuser une tranchée tout autour de Médine afin de protéger les gens à l'intérieur de la ville, comme s'ils s'étaient trouvés dans une forteresse.

Lorsque l'ennemi arriva à Médine, il ne put y entrer. Les infidèles décidèrent alors d'assiéger la ville. Siège et accrochages se poursuivirent pendant très longtemps. C'est au cours de l'un de ces accrochages qu'un cavalier arabe célèbre et courageux, 'Amr ibn 'Abd Wed, fut abattu par l'Imam 'Alî (S). Une fois Amr ibn 'Abd Wed mort , les mécréant perdirent toute chance de gagner.

Le prophète dit ce jour : "Le coup de Ali le jour du fossé vaut l'adoration de Dieu par les deux mondes (les humains et djinns)."


La nomination de l'imam Ali (as) en tant successeur

L'Imam Ali fût désigné à plusieurs reprises et de manière claire comme successeur par le Prophète Mohammed (SAW). Si la majorité des Musulmans l'ignorent, de nombreuses sources et événements communes aux  Chiites et Sunnites le rapportent .

En voici quelques preuves :

« Et avertis les gens qui te sont les plus proches » (Al-Chu’arâ, 26 : 214)

C’était aux premiers temps de l’Islam à la quatrième année de sa mission. Lorsque le Prophète reçut cet Ordre de Dieu d’avertir ses proches parents, il invita les enfants de Abd El Mouttalib à un entretien dans ce but. Le Prophète (SAW) prépara le repas pour une quarantaine de personnes avec seulement deux kilogrammes et demi, soit un sâ'a, de farine de blé et un gigot de viande. Non seulement tout le monde mangea à sa faim mais la nourriture resta.

Après le repas , 
Le Prophète (SAW) dit ceci : « Ô fils de Abdul Muttalib, je jure par Dieu que je ne connais pas un jeune dans le monde arabe qui a amené quelque chose de meilleur que ce que je vous ai amené car je vous ai amené le meilleur qui soit dans ce monde et dans l’Au-delà. Dieu m’a ordonné de vous appeler à Cela. Dieu n’a jamais envoyé de Prophète sans qu’Il ait désigné son successeur parmi ses propres parents. Qui va m’assister dorénavant dans ma noble tâche et être ainsi mon frère, mon héritier et mon successeur ? Il sera pour moi ce que fut Harun pour Moïse. »

Le jeune Ali (S) se leva aussitôt et se porta volontaire pour une cette mission. Cependant, afin de laisser la possibilité à d’autres candidats de se proposer, ce ne fut qu’au troisième appel que le Prophète accepta l’unique proposition venant de Ali (S).

Le Prophète l’entoura de ses bras et portant haut son bras, dit : « Voilà mon frère, mon lieutenant, mon successeur, mon Khalife sur vous. Ecoutez-le tous et obéissez-lui. »

La réunion terminée, l’assemblée se disloqua. Certains, se moquant de Abu Talib, lui faisaient remarquer qu’on venait de lui ordonner ainsi d’obéir à son fils. 

Cette histoire a été ainsi racontée par plusieurs sources parmi lesquelles on peut citer :

-Ibnul Athir dans Al Kâmil page 24
-Souyoûti dans Jamoul Jawami tome VI pages 392, 396, 397.
-Al Muarîkh (l’historien) Jorgy Zeïdan dans Tarikhou Tamadoûnoul Islami tome I page 31.
-L’érudit Mohammed Hassanil Haïkal dans Hayyat Mohammed page 104, 1ère édition.
-L’Imam Ahmad dans son Musnad tome I page 111.
-Le savant Al Kanji Ashaf-hi dans Fil Kifâya page 89.
-Tabari dans ses Fi Tawârikh.
-Ibn Abil Hadid dans Charhou Nahj tome III page 255.

-L'ont rapporté Ibn Ishâq, Ibn Jarîr, Ibn Abi Hâtem, Ibn Mardawayh, Abi Na'ïm, Al-Bayhaqi dans ses Sunans et ses Dalâ'il, Al-Tha'labî, Al-Tabari dans son commentaire de la sourate "al-Shou'arâ"', Al-Tabarî dans son livre (Histoire des nations et des rois). Ibn Al-Athîr le considère comme allant de soi dans la deuxième partie de son Kâmel lorsqu'il mentionne qu'Allah ordonna à son prophète d'appeler publiquement à l'Islam. Abul Fida le rapporte dans la première partie de son livre en mentionnant le premier à être entré dans l'Islam. Cela est repris par l'Imam Abu Ja'far al-Askafî al-Mu'tazilî dans son livre (Réfutation de la Othmania) admettant sa véracité. Il est rapporté par Al-Halabî dans sa célèbre biographie dans son chapitre concernant le refuge du prophète (SAW) et ses compagnons dans Dar al-Arqam. L'ont également rapporté, avec des variantes, tout en conservant le même sens, plus d'un confirmé dans la Sunna et érudit en hadith, tels Al-Tahawî, al-Diâ' al-Maqdisi dans son (Recueil),. Mansour dans les Sunan-s, sans omettre le hadith de Ali rapporté par Ahmad b. Hanbal aux pages 111 et 159 de la première partie de son Musnad, ainsi qu'au début de la page 331 de la première partie, ni le hadith honorable d'ibn Abbas incluant ce texte qui cite les dix traits spécifiques distinguant Ali des autres.Ce texte illustre est également rapporté par Al-Nisâ'î, d'après Ibn Abbas à la page 6 de ses (Spécificités Alouites), et par Al-Hâkem à la page 132 de la troisième partie de son Sahîh al-Mustadrak et par Al-Dhahabî qui l'a résumé et a reconnu son authenticité. Il faut également citer le sixième volume du Kanz al-Ummal qui le rapporte en détail, ainsi que le (recueil de textes) du Kanz, publié en marge du Musnad de l'Imam Ahmad. Consultez la note de la page 41 à la page 43 du cinquième volume.


Le sermon du Prophète (SAWAAS) et la nomination de l'Imam Ali (s) à Ghadir Khom

« ô Messager, communique ce qui a été descendu vers toi de la part de Ton Seigneur ; - si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son message. Et Dieu te protégera des gens. Non, Dieu ne guide pas le peuple mécréant. » (Ma’îda, 5 : 67)

Le Saint Prophète (SAWAAS) de l’Islam reçut ce verset après le pèlerinage d'adieu alors qu’il en revenait et se trouvait à Ghadir Khom.

Ghadir Khom est un endroit aride, désertique et très chaud qui a tout pour ne pas être une oasis paisible. D’aucuns disent qu’on pourrait même y griller de la viande sous la seule chaleur du soleil. C’est dans un pareil endroit que le Prophète (SAW) a demandé à sa suite d’observer une halte pour qu’il leur parle. On imagine alors qu’il avait quelque chose de vraiment important et urgent à leur communiquer.

Le Prophète fit dresser une chaire faite à base de selles de chameaux. Il demanda ensuite à Bilal de faire l’appel (hayya ala khaïril amal = ô gens accourez à la meilleure des actions) pour rassembler les gens aussi bien les devanciers que les retardataires, soit en tout plus d’une centaine de milliers de personnes. Il tint l’Imam ‘Ali (s) à sa droite, lui arrangea son turban et lui souleva le bras droit en tenant ce langage aux gens :

« Vous croyez qu’il n’y a de dieu que Dieu, que Muhammad (SAW) est Son messager et Son Prophète, le Paradis et l’enfer sont des vérités, que la mort et la résurrection sont certaines, n’est-ce pas? »

Ils répondirent tous : « Oui, nous le croyons ! »

Il contunua jusqu'à les informa alors qu’il sera bientôt rappelé par son Seigneur, puis il prononça cette adjuration : « Celui dont je suis le Maître Ali aussi est son Maître. Que Dieu soutienne ceux qui soutiennent Ali et qu’Il soit l’Ennemi de ceux qui deviennent les ennemis de Ali. »

Omar et Abu Bakr firent partie des premiers à féliciter l’Imam Ali. Omar le fit en ces termes : « Bakhin ! Bakhin ! ( Bravo ! ) Tu es devenu le maître de tous les croyants et croyantes. »

A la fin de cette cérémonie d’installation, le célèbre verset suivant du Coran fut révélé au Prophète (saw)

« Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous mon bienfait. Et il m’agrée que l’Islam soit votre religion. »(Ma’îda, 5 : 3)

Le Prophète (saw) se prosterna en signe de gratitude.

Donnons ci-dessous quelques références de taille qui ne peuvent être taxé de pro Chiite :

- Bukhari dans ses Sahih, tome VI page 12. 
- Nisabury dans Assbabul nuzul.

- Suyûti dans Addurul Mansûr, tome V page 215.
- Râzi dans son Tafsiral Kabir, tome III page 636.
- Hâkim dans Mustadrak, tome III page 148.
- Ibn Abdel Bar Al Andaloussi dans Tajridou Tamhid page 185.
- Muhibudin Tabari dans Zakhaioul Akba, page 19
- Annawawi dans Riyadu Salihina, page 455.

La nomination de l'Imam Ali ne fait aucun doute et ne peut être négligé dans de telle condition car elle fait partie intégrante de l'Islam, de la Sunna du Prophète (SAW) et qu'elle est un commandement pour tous les Musulmans sans contestation possible.

Le Prophète a dit en revenant du Pèlerinage d'adieu : « Après moi c'est Ali qui est le chef de tous les croyants ». Ahmad ibn Hanbal

Le Prophète a dit également : « Ali est issu de moi, je suis issu de lui, il est le chef de tout croyant après moi ». Sahih Attirmidhi

Le Prophète de Dieu a dit : « Ali est issu de moi, je suis issu de lui, et nul de peut me représenter sauf lui ». Sounan Ibn Majeh, Sahih Atirmidhi.

Le Prophète de Dieu a dit : " Ali est le Maître de tout croyant après moi ! " Al Tirmidhi volume 2 p.297.

Le Prophète de Dieu a dit : " Ali aime DIEU et Son Prophète, et DIEU et Son Prophète l'aime." Bokhari, Moslim, et bien d'autres... chapitre du Jihad - Guerre de Khaybar .


La personalité de l'Imam Ali


La morale éblouissante d'Ali (psl)

1- La ville de Koufa, par la présence d'Ali (psl), devint la capitale de la science et de la politique de tout le monde islamique, et à partir d'elle les lumières divines commencèrent à se propager vers toutes les contrées.

La présence du commandeur des croyants dans sa capitale Koufa n'était pas seulement une présence politique et scientifique, bien au contraire, Ali (psl) offrait à tous les nouveaux adeptes de l'Islam de nouvelles perspectives :

En effet, ces musulmans qui venaient des quatre coins du monde pour puiser de la science divine, y trouvaient une possibilité de voir une copie conforme de la morale du prophète (pslp), cette morale magnanime qui reste toujours une référence pour les chercheurs du parfait et les demandeurs de la perfection.

Un jour, l'une des routes menant vers la Koufa réunit deux personnes qui ne se connaissaient pas auparavant, l'un d'eux était Ali (psl), l'autre était un chrétien des environs de la Koufa.

Arrivés à un carrefour, ils durent se séparer, mais Ali (psl) accompagna le chrétien vers son village. Celui-ci sachant que son compagnon allait vers la Koufa lui demanda : "Ta destination n'était pas la Koufa ?"

Ali (psl) lui répondit : "Si, mais j'ai voulu t'accompagner un peu par fidélité à notre amitié de route, est-il que la compagnie de route a ses droits, et j'aime bien m'acquitter tous les droits."

Le chrétien s'émerveilla de cette logique et de cette morale et il se dit qu'une telle vertu ne peut point provenir que de la religion authentique de Dieu, après quoi il se convertit à l'Islam.

Et comme fut grande sa surprise quand il apprit que son compagnon de route n'était autre que le commandeur des croyants, calife de tous les musulmans et gouverneur de toutes les terres islamiques si étendues.

2- Les combats de Ali (psl) nous laissent des exemples brillants de sa morale magnanime : il ne tuait point de blessé, ni d'assoiffé et ne poursuivait jamais les déserteurs de l'ennemi. Il s'interdisait toujours d'utiliser les armes de la faim et de la soif bien que ses ennemis en abusaient beaucoup dans tous leurs combats.

Pour illustrer cette vérité, nous allons citer un seul exemple. Les livres de l'histoire regorgent de bien d'autres témoignages :

A la bataille de Ceffine, et avant lé début du combat, l'armée de Muawiya arriva la première au champ de la bataille qui se trouvait à la bordure du fleuve "Euphrate", elle sauta sur l'occasion pour s'interposer entre l'eau et l'armée de l'imam Ali (psl) et interdirent aux loyalistes d'éteindre leur soif.

L'imam Ali lança alors l'ordre de conquérir les eaux par la force des armes. A l'issue d'une bataille éclaire, les rebelles durent se retirer et les loyalistes occupèrent toutes les positions dominant l'Euphrate et eurent la tentation de faire usage de l'arme de la soif tout comme l'avait fait leur adversaire.

Mais les ordres du commandeur des croyants furent stricts : il fallait évacuer immédiatement les rives et s'abstenir d'utiliser l'arme de la soif, puisque selon la morale de l'imam Ali (psl) les fins ne justifient jamais les moyens et l'on ne peut jamais arriver au contentement de Dieu à Lui Pureté en suscitant Son mécontentement par un mauvais choix de moyens...

Comme le disait l'imam Ali (psl) : "les leçons ne manquent pas mais ce sont ceux qui en tirent les conséquences qui manquent."


3- La modestie de l'imam Ali (psl) était une de ses qualités les plus connues. Son apparence ne le faisait pas distinguer des autres gens et son comportement avec les masses populaires était si simple qu'il ne pouvait jamais soupçonner qui il était.

Nous avons choisi pour notre cher lecteur un témoignage parmi tant d'autres ; l'histoire d'un couple en désaccord :

Le mari renvoya sa femme en plein midi et sous une chaleur torride. La malheureuse épouse ne trouva de refuge que l'imam Ali (psl). Aussitôt qu'il prit état de sa situation, il l'accompagna chez elle pour y ramener la concorde.

Le commandeur des croyants (psl) frappa à la porte. Le jeune mari l'ouvrit, et voyant devant lui un homme étranger qu'il ne connaissait pas et qui vint s'ingérer dans ses affaires personnelles, il répondit aux conseils et aux exhortations de l'imam (psl) par des insultes et commença à hurler à la face de sa femme la menaçant de toute sorte de supplice parce qu'elle avait osé amener cet inconnu.

Entre temps, quelques gens connaissant bien l'imam Ali (psl) passèrent et le saluèrent en disant : "Que la paix soit sur vous, ô commandeur des croyants !" Le jeune mari en devint stupéfait et il accourut aux mains de l'imam Ali (psl) pour les embrasser et demander le pardon, promettant qu'il n'y reviendrait jamais. L'imam donna aux jeunes couples des conseils précieux leur assurant une vie heureuse et sans problème...


L'Imam des pauvres

Malgré tous les grands problèmes qui occupaient l'imam Ali (psl), il tenait toujours à rester en contact avec les besoins et les plaintes du peuple.

Tenant lui-même la trésorerie publique (Beytoulmèl), il ne privait personne de sa dotation conventionnelle même s'il connaissait parfaitement qu'il lui portait une rancune ou qu'il pouvait utiliser cette dotation pour renforcer le rang de ses ennemis.

D'autre part, ses compagnons fidèles et ses proches ne jouissaient d'aucun privilège par rapport aux autres gens, et leurs dotations étaient parfaitement conformes à la règle générale appliquée sur tous les musulmans. Bref, le système de castes et de privilèges entretenu par les trois précédents califes allait être définitivement aboli par l'imam Ali (psl).

L'imam Ali était l'allié des masses populaires et il demandait â tous ses gouverneurs de l'être, et chaque fois que l'un d'entre eux manifestait un déraillement quelconque de cette voie, il n'hésitait point à le limoger.

Un jour, une femme appelée Sèoudèh vint chez le commandeur des croyants, alors qu'il était en prière, pour porter plainte contre quelques collecteurs d'impôts. Sentant l'approche d'une silhouette derrière lui, l'imam finit vite sa prière, se retourna aussitôt vers elle et lui demanda avec affection : "Avez-vous besoin de quelque chose ?"

Sèoudèh dit en pleurant : "Je vous porte plainte contre votre collecteur d'impôt !"

L'imam fut très touché, il pleura beaucoup et leva sa main vers le ciel et dit : Mon Dieu, Tu sais bien que je ne lui ai pas ordonné d'être injuste avec Tes esclaves !

Et prenant état de la véracité des dires de la femme, il rédigea l'ordre de mettre fin aux fonctions du collecteur d'impôt en question et chargea la même femme de lui porter avec elle le manuscrit. Sèoudèh revint chez elle satisfaite et heureuse.

Un jour, des nouvelles arrivèrent de la Bassora rapportant que le gouverneur de cette ville, Ousmane Ibn Hanif, ayant été invité à un dîner d'affaire, avait accepté l'invitation. L'imam lui envoya une longue lettre condamnant son comportement et le mettant en garde contre ce type d'invitation.

II y insista sur le fait que les riches qui organisent ce genre de cérémonies ne veulent pas par là une œuvre de bienfaisance pour les besogneux, mais plutôt une sorte de pot-de-vin et de corruption pour les gouverneurs et une recherche de l'autorité et du pouvoir dans la ville.

En réalité, cette lettre est très riche en matière de règles morales et politiques et elle est digne d'être une référence pour tout pouvoir islamique.

Entre autre, l'imam (psl) dit en s'adressant a son gouverneur Ibn Hanif : "Je n'aurais pas cru que tu aurais accepté l'invitation de quelques gens chez lesquels le pauvre est boudé et le riche est sollicité...N'est-ce pas qu'à chacun son imam et guide, lequel il imite et de la lumière et science duquel il s'éclaire ! N'est-ce pas que votre imam s'est contenté, dans son habit, de ses haillons et dans sa nourriture, de son pain !"

L'un des compagnons de l'imam Ali (psl), Âdy Ibn Hatem, fut interrogé un jour à propos de la politique sociale de l'imam Ali, il dit : "J'ai vu que tout puissant est chez lui faible jusqu'à ce que justice soit rendue contre lui, et que tout faible est puissant jusqu'à ce que justice soit rendue pour lui."

L'imam Ali (psl) n'accordait aucune importance pour le pouvoir.

Pour lui, gouverner ce n'était plus qu'une occasion pour faire régner la justice, et c'était seulement à ce titre qu'il avait accepté le pouvoir.

Ce sens nous a été rapporté par Ibn Abbâs auquel l'imam Ali (psl) avait demandé un jour : "Quelle est la valeur de ces sandales ?"

Alors que l'imam les réparait, Ibn Abbâs répondit que cela ne valait pas grande chose. L'imam (psl) dit : "La valeur de ces sandales pour moi est plus grande que celle du gouvernement et du pouvoir si ce n'était là le moyen d'établir un droit ou d'abolir une injustice."

L'Imam Ali (psl) nous résume toute sa politique sociale en quelques mots : "Comment puis-je être un imam pour les gens sans participer à leur douleur et à leur pauvreté ?"


L'abolition des privilèges

Dès le premier jour de son gouvernement, l'imam Ali (psl) déclara l'égalité entre les gens et la justice comme base de sa politique : aucune différence ne serait plus faite entre un arabe et un non arabe sauf par la piété.

Sa politique d'égaliser les dotations personnelles suscita beaucoup de remous parmi les anciens privilégiés de l'ancienne politique des dotations, suivie par les trois précédents califes.

Ils vinrent alors au commandant des croyants pour solliciter son retour vers cette politique en insinuant que cela pourrait lui faciliter la victoire sur ses ennemis, mais la réponse de l'imam (psl) fut catégorique : «Voulez vous que je cherche la victoire par le biais de l'injustice ?»

Puis il dit : «Si l'argent était le mien, je l'aurais partagé entre les gens à l'égalité, alors que dire, lorsque cet argent est celui de Dieu ?»

Cette politique sociale de l'imam Ali (psl) lui avait coûté la haine des plus grands chefs de groupes et de tribus déjà habitués par les trois précédents califes à des dotations et des privilèges qui avaient porté un grand nombre d'entre eux au rang des grands richards de la Péninsule Arabe.

Son histoire avec son frère Âqil est très révélatrice :

Un jour Âqil, le frère d'Ali (psl) lui rendit visite. Le dîner étant servi, Âqil fut surpris qu'il n'y ait rien d'autre que du pain, de l'eau et du sel, et dit : «Il n'y a rien d'autre que ce que je vois ?!»

L'imam répondit : Ceci n'est ce pas de la grâce de Dieu, à Lui toutes les louanges ?!»

Âqil sollicita de l'imam une somme d'argent de quoi rembourser une dette, alors, l'imam lui dit : «Patiente jusqu'à ce que je reçois ma dotation.»

Âqil, gêné, dit : «La trésorerie est entre tes mains et tu m'attardes jusqu'à ta dotation ?!»

L'imam dit : «Ma situation ne diffère pas de celle de n'importe quel homme musulman!»

Âqil insista.

L'imam lui brula un petit peu la main. Aqil surpris s'énerva. L'Imam lui repondit que si il lui donnait de l'argent qui est l'argent des musulmans, le feu les touchera les deux alors.

Aqil quitta l'imam sans avoir rien pris, l'Imam voulait faire comprendre à Aqil que l'argent ne l'appartenait pas, il appartenait aux musulmans, en prendre signifie voler ! Et même si c'était pour son frère.

C'est ainsi qu'était l'imam. Il vivait la vie des pauvres et il dépensait leurs dépenses. Lorsque certains lui dirent que Muawiya, le rebelle, dépensait des sommes colossales et distribuait les pots-de-vin pour s'assurer la victoire et qu'il convenait peut-être à l'imam de faire autant que lui, l'imam leur rappela sa célèbre devise : «Il ne faut jamais chercher la victoire par le biais de l'injustice !»

Telle était la politique sociale du plus pieux de tous les pieux, le commandeur des croyant, Ali (paix sur lui et sa descendance purifiée).

Sa dévotion

Suite à l'éducation prophétique que l'imam reçu des mains du messager d'Allah (P), sa personnalité en porte les marques dans tous les domaines: son adoration, sa justice, ses attitudes vont dans la même direction que celle du prophète et adhèrent ainsi à ses traditions.

Il n'y avait en réalité personne d'aussi capable ou de plus digne que lui pour incarner totalement les traditions du messager d'Allah.

En décrivant l'adoration de l'Imam Ali, Urwah bin Zubaïr, rapportant les paroles d'Abu Darda raconte : "Un jour, j'ai vu l'Imam Ali dans les plantations de al-Najjar, s'isolant de ses amis derrière les feuilles de palmiers pour prier, et j'entendis une voix s'élever et réciter d'un ton touchant:

"Oh mon Dieu, quand je pense à ton pardon, je minimise mon péché et quand je me rappelle la sévérité de ton jugement, je trouve mon malheur trop grand."

"Malheur à moi pour la chaleur d'un feu qui cuit la foi et les reins, un feu qui ne demande qu'à dévorer, malheur à moi pour les flammes de l'Enfer »".

Abu Darda ajoutait : "il continua à prier toute la nuit puis il pleura violemment, sans voix, sans mouvement. Puis ne le voyant plus bouger, je me dis qu'il a dû s'endormir de fatigue suite à sa longue nuit et je m'éloignai en pensant le réveiller pour la prière de l'aube; mais quand je retournai auprès de lui, je le retrouvai comme un morceau de bois mort. J'essayai de le bouger, de le réveiller sans résultat. Je courus vers sa famille en le pensant mort pour informer Fatima (p).

Elle me répondit : "Oh Abu Darda par Dieu, c'est sa façon habituelle de s'évanouir par crainte d'Allah".
 

Sa justice

Durant son califat, Amir al mouminin appliquait strictement la justice entre les gens. Un jour, l'imam Ali a retrouvé son armure perdu chez un homme chrétien et porta l'Affaire devant le juge.

L'Imam dit au juge : « C 'est mon armure, je ne l'ai jamais vendue."   Le juge interrogea l'homme chrétien : "Qu'as-tu à répondre à ce que l'Imam Ali dit?»

"C'est la mienne ", répondit-il " Amir al-Mouminin ment ». Le juge se tourna vers Ali (p) et lui demanda de prouver son affirmation. Ali (p) sourit et dit qu'il n'avait pas de preuve. Le juge conclu que l'armure appartenait au chrétien. L'homme prit l'armure et partit pendant que l'Imam Ali (p) resta debout à le regarder. A ce moment, le chrétien revint et dit au juge : "Certainement c'est là un jugement des prophètes. Amir al Mouminin a soulevé l'affaire devant la justice mais le juge décida à son encontre.... L'armure par, Dieu est la sienne, Oh Amir al-Mouminin, j'ai menti dans mon témoignage...» 

Plus tard, l'homme embrassa l'Islam et servit avec loyauté sous la bannière du Commandant des Croyants (p).

Talha et Zoubair, vinrent une nuit auprès de l'Imam Ali (p) alors qu'il se trouvait à " Bayt- al-mal » (= Maison du trésor public), s'occupant des affaires de quelques musulmans. lorsqu'ils sont rentrèrent , l'Imam Ali éteignit la lampe et, s'assit sous la lumière de la lune car la lampe était la priorité de la Ummah et Talha et Zoubair venaient le voir pour discuter d'une affaire personnelle. 


Humanité et clémence de l'Imam Ali

Au cours des événements de la bataille de Siffin, les hommes de l'armée de Mou'awya (qui combattait l'armée de l'Imam Ali), furent les premiers à arriver au fleuve Euphrate; ils bloquèrent alors le chemin pour que les hommes de l'Imam Ali ne puissent pas y boire.

Après avoir envoyé une délégation pour parlementer avec Mou'awya et devant son obstination à bloquer l'accès aux eaux de l'Euphrate, l'Imam Ali se vit obligé d'aller reconquérir les abords du fleuve et quand il en eut le contrôle, il donna un exemple de sa suprême moralité en laissant boire les hommes du camp ennemi.

Il fit ainsi la distinction entre un comportement emprunt de morale divine et les manières de Mou'awya.

L'histoire de l'humanité a-t-elle jamais parlée d'un homme qui cherche la justice et la miséricorde même pour son ennemi acharné ? Non, mise à part les prophètes, seul l'Imam Ali, l'homme au large cœur, dont l'amour couvrait toutes les créatures, seul cet homme, leur donna l'exemple da la justice et de la dignité humaine.


Quelques mérites de l'Imam Ali (Paix sur lui)

 

 Le Prophète dit : "Je suis la Cité du Savoir et Ali en est la Porte. Quiconque veut rentrer dans ma cité, qu'il entre donc par la Porte" 

Le Prophète dit : "Ali a un droit sur la Ummah égal au droit d'un père sur son fils." ("Sahîh Muslim": 2/361; "Al-Tarmathî": 2/299; "Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/130; "Musnad Ahmad": 3/198; "Al-Nasâ'î"; "Osod al-Ghâbah": 3/40.) 

Le Prophète dit :
"Quiconque désire vivre comme moi et mourir comme moi, qu'il choisisse pour Maître, après moi, 'Alî." ("Musnad Ahmad": 5/94; "Mustadrak al-Sahihayn" d'al-Nîsâpûrî: 3/128; "Kanz al-'Ommâl": 6/217; "Al-Tabarânî")

Le Prophète dit : "Mon porte-étendard dans ce bas-monde et dans l'Au-delà est 'Alî." ("Musnad Ahmad": 4/369; "Kanz al-'Ommâl": 6/122; "Al-Tabarî": 2/201; "Al-Khawârizmî": 250; "Al-Fadhâ'il" d'Ahmad: 253; "Al-Khaçâ'iç" d'al-Nasâ'î: 13; "Mustadrak al-Çahîhayn" d'al-Hâkim al-Nîsâpûrî: 3/125; "Yanâbî' al-Mawaddah: 282)

 

Le Prophète dit : "Mon Seigneur m'a ordonné de refermer toutes les portes à l'exception de celle de 'Alî." ("Kanz al-'Ommâl": 5/95; "Al-Tarmathî": 13/173.)

Le Prophète dit : "Les Véridiques sont au nombre de trois: le Croyant d'Âle Yâssine, le Croyant d'Âle Pharaon et le meilleur d'entre eux, 'Alî." ("Al-Manâqib" d'Ahmad: 194, 239; "Kanz al-'Ommâl": 5/31; "Al-Jâmi'" d'al-Suyçutî: 2/83; "Ibn al-Maghâzilî": 245; "Yanâbî' al-Mawaddah": 126.)

Le Prophète dit :
"Le crieur criera le Jour de la Résurrection: O Mohammad! Quel meilleur père tu as en la personne d'Ibrâhîm et quel meilleur frère en la personne de 'Alî." ("Al-Fadhâ'il" d'Ahmad: 253; "Ibn al-Maghâzilî": 67; "Al-Khawârizmî": 83; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/201.)

Le Prophète dit : "Tout Prophète a un successeur et un héritier; or mon successeur et héritier est 'Alî." ("Kanz al-'Ommâl": 6/158; "Ta'rîkh Baghdâd" d'al-Khatîb al-Baghdâdî: 11/173; "Chawâhid al-Tanzîl": 2/223; "Yanâbî' al-Mawaddah": 94.)

Le Prophète dit : "Mon Dieu ne me laisse pas mourir avant de me montrer la face de 'Alî." ("Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/201; "Al-Fadhâ'il" d'Ahmad: 253; "Ibn al-Maghâzilî": 67; "Akhtab Khawârizm": 83.) 

Le Prophète dit : "Nous avons été créés du même arbre, moi et 'Alî." ("Al-Tarmithî": 13/178; "Ibn al-Maghâzilî": 122; "Osod al-Ghâbah": 4/26; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/216.)

Le Prophète dit : "Le plus savant de ma Umma après moi est 'Alî." ("Manâqibal Imâm 'Alî Ibn Abî Tâlib (p)" d'Ibn al-Maghâzilî al-Châfi'î)

Le Prophète dit : "Ornez vos réunions avec l'évocation des mérites de 'Alî." ("Mustadrak al-Sahihayn" d'al-Nîsâpûrî: 3/109; "Musnad Ahmad": 4/368, 5/419; "Al-Khaçâ'iç" d'al-Nasâ'î: 9, 24; "Ibn al-Maghâzilî": 16; "Al-Manâqib" d'Akh-tab Khawârizm: 94; "Ta'rîkh Baghdâd" d'al-Khatîb al-Baghdâdî: 8/290; "Kanz al-'Ommâl": 6/390; "Yanâbî' al-Mawaddah".)

Le Prophète dit : "Le meilleur juge de ma Ummah est 'Alî." ("Ibn al-Maghâzilî": 70; "Arjah al-Matâlib": 544.)

Le Prophète dit : "Je suis l'avertisseur et le guide après moi est 'Alî." ("Musnad Ahmad": 1/151, 3/213; "Al-Tarmathî": 2/135; "Al-Khaçâ'iç" d'al-Nasâ'î: 20; "Kanz al-'Ommâl": 1/247; "Ibn al-Maghâzilî": 222.)

Le Prophète dit : "De quiconque je suis le Maître, son Maître est aussi 'Alî." ("Mustadrak al-Sahihayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/109; "Kanz al-'Ommâl": 6/157; "Al-Daylamî".)

Le Prophète dit : "Personne n'aurait été digne de Fâtimah, si Allah n'avait créé 'Alî." ("Hulyat al-Awliyâ'": 1/341; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/177; "Ibn al-Maghâzilî": 242; "Al-Khawârizmî": 42; "Yanâbî' alMawaddah": 112.)

Le Prophète dit : "Je recommande (par testament) à quiconque aura eu foi en moi et m'aura cru, la Wilâyah de 'Alî." ("Al-Jâmi'" d'al-Suyûtî: 1/230; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/168; "Ta'rîkh Baghdâd" d'al-Khatîb al-Baghdâdî: 1/316; "Ibn al-Maghâzilî": 49; "Yanâbî' al-Mawaddah": 266.)

Le Prophète dit : "Le premier d'entre vous à atteindre le Bassin (le Paradis) est le premier d'entre vous à embrasser l'Islam, en l'occurrence 'Alî." ("Kanz al-'Ommâl": 6/154; "Al-Tabarânî": 5/32; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 1/165; "Thakhâ'ir al-'Oqbâ": 65; "Ibn al-Maghâzilî": 230.)

Le Prophète dit : "Personne ne traversera le Çirât (la Voie) sans avoir attesté de la Wilayah de 'Alî." ("Ibn al-Maghâzilî": 15; "Al-Istî'âb": 2/457.)

Le Prophète dit : "Personne ne pourra parler en mon nom en dehors de 'Alî." ("Ibn al-Maghâzilî": 119, 242; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/177; "Yanâbî' al-Mawaddah": 112, 419; "Al-Khawârizmî": 253.)

Le Prophète dit : "Le plus malheureux des premiers et des derniers sera l'assassin de 'Alî." ("Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/141; "Musnad Ahmad": 4/263; "Al-Khaçâ'iç" d'Al-Nasâ'î: 39; "Al-Tabarî": 2/408; "Kanz al-'Ommâl": 5/58. )

Le Prophète dit : "Alî est celui qui départage le Vrai et le Faux." ("Mustadrak al-Sahihayn" d'al-Nîsâpûrî: 3/132; "Musnad Ahmad": 1/331; "Yanâbî' al-Mawaddah".)

Le Prophète dit : "Alî est le plus grand véridique." ("Al-Bohayqî": 4/53; "Kanz al-'Ommâl": 7/176; "Al-Jâmi'" d'al-Suyûtî: 2/276; "Ibn al-Maghâzilî": 93.)

Le Prophète dit : "Alî est celui dont la main est égale à la mienne dans la balance de la justice." ("Mustadrak al-Sahihayn" d'al-Nîsâpûrî: 3/14; "Al-Tabarî": 2/272; "Al-Tarmathî": 2/9; "Ibn al-Maghâzelî": 37; "Yanâbî' al-Mawaddah": 57.)

Le Prophète dit : "Alî est mon frère dans ce bas-monde et dans l'Au-delà." ("Al-Khaçâ'iç" d'Al-Nasâ'î: 5; "Al-Tarmathî"; "Yanâbî' al-Mawaddah": 61; "Ibn al-Maghâzelî".)

Le Prophète dit : "Alî est l'Imam des vertueux et l'exterminateur des libertins. Quiconque le soutient sera soutenu et quiconque l'abandonne sera abandonné." ("Kanz al-'Ommâl": 6/153; "Al-Dârqotnî".)

Le Prophète dit : "Alî est l'Imam des pieux, le Commandeur des croyants et le leader des adorateurs assidus dont les visages, les mains et les pieds sont marqués par les traces du wudhû' et témoignent le Jour de la Résurrection de leur piété." ("Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/129; "Kanz al-'Ommâl": 6/153.)

Le Prophète dit :  "Alî est à moi ce que Hâroun (Aaron) était à Mousâ (Moïse) (Ali occupe auprès de moi la même position que Hâroun occupa auprès de Moussâ)." ("Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/137; "Ibn al-Maghâzilî": 65, 104; "Hulyat al-Awliyâ'": 1/63; "Akh-tab Khawârizm": 229.)

Le Prophète dit :  "Alî et ses Chiites (adeptes) sont ceux qui gagneront (Le Paradis)." ("Ibn al-Maghzilî": 47; "Mîzân al-I'tidâl" 2/313.)

Le Prophète dit : "Alî est la Porte de mon Savoir et l'interprète, auprès de ma Ummah, de ce qui m'a été révélé." ("Tafsîr al-Tabarî": 3/171; "Chawâwhid al-Tanzîl": 2/356; "Al-Dor al-Manthûr": 6/379; "Yanâbî' al-Mawddah": 61.)

Le Prophète dit :  "Alî: l'aimer est un signe de Foi et le détester, un signe d'hypocrisie (l'amour de 'Alî équivaut à la Foi)." ("Ibn al-Maghâzilî": 67; "Al-Khawârizmî": 236; "Farâ'id al-Samtayn"; "Yanâbî' al-Mawaddah".)

Le Prophète dit : "Alî est le répartiteur (le critère de la répartition ) des gens entre le Paradis et l'Enfer." ("Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/127; "Kanz al-'Ommâl": 5/30; "Al-Jâmi'" d'Al-Suyûtî: 1/374; "Al-Tarmithî"; "Ibn al-Maghâzilî": 80.)

Le Prophète dit : "Alî, quiconque se sépare de lui se sera séparé de moi; or quiconque se sépare de moi, se sera séparé d'Allah." ("Ibn al-Maghâzilî": 45; "Yanâbî' al-Mawaddah": 181.)

Le Prophète dit :  "Alî est de moi et je suis de 'Alî, et il est le Maître de tout croyant après moi." ("Ibn al-Maghâzilî": 69; "Yanâbî' al-Mawaddah": 125.)

Le Prophète dit : "Alî est le plus aimé d'Allah et de Son Messager, de toute la créature d'Allah. (De toute la créature d'Allah, 'Alî est celui qui est le plus aimé d'Allah et de Son Messager)." ("Kanz al-'Ommâl": 5/33; "Al-Riyâdh al-Nadhirah" 2/211; "Ibn al-Maghâzilî": 219; "Al-Bayhaqî".)

Le Prophète dit : "Alî : l'évoquer est un acte de piété et regarder son visage est un acte de piété." ("Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/123; "Kanz al-'Ommâl": 6/156; "Al-Tabarânî"; "Ibn al-Maghâzilî": 240, 278; "Al-Khawârizmî": 62.)

Le Prophète dit : "Alî: L'aimer est un bon acte dont l'effet ne sera pas effacé par un mauvais acte." ("Al-Tbarânî"; "Yanâbî' al-Mawaddah": 2/3.)

Le Prophète dit : "Alî jouit de la même position que la Ka'bah." ("Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/122; "Musnad Ahmad": 3/82; "Al-Tabarânî": 6/55)

Le Prophète dit : "Alî est à moi ce que ma tête est à mon corps." ("Mustadrak al-Sahîhayn" d'al-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/141; "Al-Jâmi'" d'al-Suyûtî: 1/583; "Ta'rîkh Baghdâd" d'Al-Khatîb al-Baghdâdî: 2/51; "Hulyat al-Awliyâ'": 2/182; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/219.)


La haine et jalousie envers l'imam Ali


Toute sa vie durant, l'Imam 'Ali eut à faire face à des ennemis de toute nature. Les raisons qui justifiaient ces inimitiés à l'égard de 'Ali se nourrissaient toutes si on veut voir dans le terreau de la jalousie (le Prophète sur ordre de Dieu le privilégiait devant tous les autres compagnons), du désir de vengeance (il avait tué, pour défendre l'Islam, des parents de grands notables de la tribu Banou Ummaya, les omeyyades). 

En effet les privilèges dont jouissait 'Ali et les motifs de la jalousie et de la haine qu'éprouvaient certains compagnons ou non du Prophète tenaient en ceci :

- Son père Abu Talib était un des premiers convertis à l'Islam contrairement aux pères d'un grand nombre de compagnons du Prophète et à toutes les tentatives de déformation de l'histoire qui ont voulu faire croire le contraire.

- l'Imam est le cousin et le gendre du Prophète lequel lui a donné en mariage sa fille unique Fâtima Zahra qui était tant convoitée.

- Les portes des maisons des compagnons qui donnaient sur la Grande Mosquée de Médine furent toutes fermées sur ordre du Prophète à l'exception de sa propre porte et de celle de 'Ali et son épouse.

- Ali a porté l'Étendard du Prophète pratiquement lors de toutes les grandes batailles et notamment à Khaybar où tous les autres Compagnons avaient échoué.

- Il était le plus savant de toute la communauté après le Prophète qui lui reconnaissait d'ailleurs l'immensité de ses connaissances divines qu'il s'était chargé lui-même de lui inculquer. Rappelons que c'est le Prophète qui l'a éduqué et formé.

- Ali a été désigné en tant que successeur du prophète

- Ali était juste et ne donnait pas de priviléges, il
 était un homme d'une droiture exceptionnelle.

C'est chargé de tous ces responsabilités que l'Imam 'Ali (P) se trouva confronté après la mort du Prophète à des gens qui lui en voulaient pour ses origines banu-hâchimites, pour tous ses succès, sa gloire et ses mérites.


Il fut gardé en résidence surveillée pendant tout le règne des trois premiers califes après le Prophète, soit environ trente années. Malgré cela il était pendant tout ce temps la référence ultime en matière d'interprétation du Coran, de droit islamique et de connaissance tout court tant pour les gouvernants que pour le peuple.

 

La Mort du prophète, le début de l'injustice envers l'Imam

Alors que l'Imâm 'Alî ainsi que d'autres Compagnons étaient encore occupés de la dépouille mortelle du Prophète, et avant même de finir l'enterrement, 'Omar amena précipitamment Abû Bakr à la réunion de la Saqîfah pour débattre du problème de la succession. Ce qui prévalait dans cette réunion, c'était:

- L'esprit tribal qui animait et déterminait la logique des participants rivaux;

- La tendance de chacun de ceux-ci, à accaparer pour soi le pouvoir et à refuser de le partager avec les autres;

- La confirmation des considérations tribales;

- L'acceptation par beaucoup, de l'idée de deux princes choisis l'un parmi eux, l'autre parmi les Emigrés, ce qui a conduit chacune des deux ailes à se croire plus qualifiée que l'autre pour le Califat.

Lorsque l'Imâm 'Alî fut informé de la tenue de cette réunion et de son résultat, il refusa, ainsi que ses partisans, la Désignation; refus qui a duré six mois. L'Imâm 'Alî a même considéré la réunion de la Saqîfah comme un complot ourdi en son absence.

C'est cet esprit tribal qui a ouvert la porte aux troubles, comme l'a déclaré 'Omar lui-même: «La désignation d'Abû Bakr était une erreur dont les conséquences ont été évitées grâce à Dieu. Tuez donc celui qui la recommencerait».

Ainsi le droit de l'Imam Ali fut usurpé , il a été choisi par Allah et prophète comme successeur... cette usurpation durera 25 ans.


Mort de Omar et designation du 3ème calife

'Omar a choisi six personnages de Quraych et les a présentés à la Umma islamique comme candidat à sa succession au Califat. Ce choix a suscité chez beaucoup de dignitaires de Quraych ainsi qu'au sein de leurs clans et chez leurs partisans, des ambitions politiques - auxquelles ils n'auraient jamais songé en principe - ayant constaté que les candidats désignés par 'Omar n'avaient aucune qualité qui fût supérieure aux leurs, et que ces candidats leur étaient même inférieurs en beaucoup de choses.

Ces ambitions se sont renforcées lorsque l'Imâm 'Alî, candidat de la majorité des Musulmans fut écarté du Califat au profit de 'Othmân Ibn Affan, candidat de l'aristocratie de Quraych, à la suite du désistement de 'Abdul Rahmân Ibn 'Awf qui voulait par son retrait être en position de neutralité et désigner lui-même l'un des deux candidats en lice. Ainsi, il demanda à 'Alî de prêter le serment, de suivre le Livre de Dieu, la Sunna du Messager et l'action de 'Omar et d'Abû Bakr selon la façon des 2 premiers califes.

'Alî a répondu: «non, ... mais j'essaierai de le faire selon ma force et  ma capacité». Ainsi l'Imam ne voulait pas suivre la sunna selon Abu bakr et Omar, mais selon le prophète

Lorsque Abderahmane demanda à 'Othmân la même chose, ce dernier a répondu favorablement sur-le-champ et il fut désigné comme calife.

L'Imâm 'Alî a exprimé son mécontentement de ce résultat de la façon suivante: «Je m'y résigne tant que les intérêts des Musulmans sont préservés et que l'injustice ne touche que moi».

Le Choura aura pour conséquence la formation de partis et de blocs fondés sur les allégeances individuelles de ceux qui avaient des ambitions personnelles pour accéder au pouvoir et qui ont exploité, pour ce faire, les motifs des plaintes et des mécontentements exprimés contre 'Othmân, sa clique et ses gouverneurs, ainsi que d'autres aspects financiers, administratifs et sociaux. Cet état des choses ne tarda pas à déclencher la révolution et à conduire à l'assassinat de 'Othmân. 



Son Califat

Après l'assassinat de Othman, l'Imam 'Ali fut élu presque à l'unanimité calife. C'était alors la première fois que l'Imam désigné par Dieu et le calife officiel étaient une seule et même personne. l'Imam est ainsi le premier Imam et le quatrième calife.

Après la mort de 'Othmân, la terreur régna dans la ville et les régicides en devinrent les maîtres en l'absence de tout gouvernement. Les citoyens, constatant l'état tumultueux de la populace en révolte, et craignant une guerre civile, réclamèrent l'élection immédiate d'un Calife. L'attitude menaçante de ceux qui étaient venus de différentes parties de l'Empire, c'est-à-dire d'Egypte, de Syrie, de Mésopotamie et de Perse à cette occasion, avait de quoi alarmer beaucoup de gens, car ils avaient décidé de ne pas se disperser avant de savoir qui serait leur Souverain.

Il y avait deux candidats, Talha et Zubayr, qui aspiraient au Califat en s'appuyant sur le soutien puissant de 'Âyechah, mais malheureusement pour eux, elle n'était pas présente à Médine à ce moment-là, puisqu'elle se trouvait à la Mecque. Talhah  (qui avait pris une part active dans l'incitation des assiégeants de la maison de 'Othmân à précipiter le cours des choses) et son associé, Zubayr, étaient appuyés dans leur candidature par quelques gens de Basrah et de Kûfa, mais la majorité du peuple de Médine, qui prétendait jouir du droit exclusif d'élire un Calife, s'était choisi un troisième homme plus digne de ce poste. C'était un homme admiré aussi bien par ses amis que par ses ennemis, pour son courage, son éloquence, sa magnanimité, sa piété, sa noblesse et sa proche parenté avec le Prophète.

Il s'agissait évidemment de l'imam Ali, le cousin germain du Prophète, et le père de la postérité du Prophète, par sa fille bien-aimée, Fâtimah. Il était considéré comme le prétendant naturel au Califat, et les gens, désireux à présent d'être gouvernés par l'héritier du Prophète, voulaient voir 'Alî élevé à sa légitime dignité. Talhah et Zubayr, alerté par l'atmosphère générale favorable à 'Alî, se tinrent tranquilles, et pensèrent qu'il était plus prudent de dissimuler leurs sentiments au point d'accepter de prêter serment d'allégeance à 'Alî lorsqu'il fut élu, avec la ferme intention d'abjurer dès qu'une occasion favorable se présenterait à eux.

l'inauguration du califat de l'Imam Alî

Le lendemain matin (le quatrième jour après l'assassinat de `othmân), les gens se rassemblèrent en grand nombre dans la grande mosquée où `alî apparût habillé d'une simple robe de coton et coiffé d'un rude turban autour de la tête, et portant dans sa main droite un arc et dans sa main gauche des pantoufles qu'il avait otées par respect pour le lieu. Talhah et Zubayr n'étant pas présents, il demanda qu'on les fasse venir. Lorsqu'ils arrivèrent, ils lui tendirent leurs mains en signe d'approbation de son élection au califat. L'assistance prêta ensuite serment d'allégeance à Alî, et son exemple fut suivi par tout le peuple. Aucun des omeyyades ni des proches partisans de `othmân ne se présenta. L'imam Ali, pour sa part, ne pressa personne de venir lui prêter serment d'allégeance. Il y avait aussi certains notables de médine qui restèrent à l'écart, ne voulant pas rendre hommage à l'Imam Ali as. Les insurgés, ayant rendu allégeance à L'Imam Ali, retournèrent chez eux.

Les cris de vengeance pour l'assassinat de Othmân

Après l'inauguration du Califat de l'Imam Alî, Talhah et Zubayr, accompagnés de plusieurs autres, vinrent voir 'Alî et lui demandèrent que le meurtre de 'Othmân soit absolument vengé, offrant leurs services pour atteindre ce but. 'Alî savait parfaitement que le crime avait été perpétré devant leurs yeux et que leur cri de vengeance n'était destiné qu'à provoquer des troubles en excitant la foule des ennemis.


Il leur expliqua donc que l'événement avait ses fondements dans de vieilles dissensions, qu'il y avait plusieurs parties dont les opinions divergeaient sur ce point, que ce n'était pas encore le moment de susciter une guerre civile, que le mécontentement était à l'instigation du diable qui, une fois maître du terrain, ne les lâcherait pas facilement, et que toutes les mesures qu'ils suggéraient de prendre n'étaient autres que la propre proposition du diable en vue d'encourager l'agitation et les troubles. Il les informa toutefois qu'il avait déjà convoqué Marwân, le secrétaire de 'Othmân, et Nâ'ilah la femme de ce demier (qui étaient tous deux tout le temps dans la même maison avec le Calife assassiné) afin de les interroger sur les vrais coupables qui avaient perpétré le meurtre. Marwân était réticent, alors que Nâ'ilah dit que les meurtriers étaient au nombre de deux, mais elle ne put ni nommer ni identifier aucun d'eux. 'Alî ajouta à l'adresse des partisans de la vengeance que plusieurs personnes étaient suspectées d'être impliquées dans le crime, mais qu'il n'y avait pas de preuves formelles contre elles.

Dans ces conditions, jura-t-il, à moins que toutes les parties s'unissent, si Dieu le voulait, il était difficile de faire des pas concluants. Il demanda aux visiteurs quelle méthode d'action ils proposaient pour atteindre le but. Ils répondirent qu'ils n'en connaissaient aucune. Puis, il dit: «Si vous parvenez à désigner un jour les assassins de 'Othmân, je ne manquerai pas de faire valoir la majesté de la Loi Divine en leur faisant payer ce qu'ils doivent».

Ils restèrent silencieux. Ainsi, leur proposition insidieuse ayant été déjouée, ils repartirent. En même temps, averti par le départ soudain des familles Omayyades, 'Alî commença à s'assurer la bonne volonté des Quraych et des Ançâr en leur montrant sa haute appréciation de leurs mérites, car il voulait avoir autant d'alliés que possible pour faire face aux difficultés qu'il craignait de la part des ennemis de l'islam.


Les Réformes Envisagées par Ali

L'affaire suivante, qui fit l'objet de l'attention particulière du nouveau Calife, était la révocation des impies qui gouvernaient les différentes provinces avec une telle tyrannie que les gens avaient été acculés au désespoir, ce qui avait coûté la vie à 'Othmân. Beaucoup d'abus avaient été commis durant le règne de ce dernier, ce qui commandait une action immédiate, d'autant plus nécessaire que la plupart des gouvernements de provinces se trouvaient toujours entre les mains de personnes au passé douteux et à la foi suspecte.

Déterminé à opérer une réforme radicale, l'Imam Ali décida de déposer Mu'âwiyeh et les autres gouverneurs qui avaient été nommés par son prédécesseur. 'Abdullâh Ibn 'Abbâs, qui venait de rentrer de son Pèlerinage à la Mecque, s'opposa fermement à cette mesure, et notamment à celle de la déposition de Mu'âwiyeh, et conseilla à l'Imam Ali d'ajourner l'exécution de cette réforme pendant un certain temps, au moins jusqu'à ce qu'il se trouvât solidement établi sans son autorité.

Il argua : «Si tu déposes Mu'âwiyeh, les Syriens, solidement attachés à lui pour sa munificence, se révolteront contre toi tous ensemble, ne te reconnaîtront pas comme Calife, et pis, t'accuseront du meurtre de 'Othmân. Il serait donc plus sage de le laisser continuer dans ses fonctions jusqu'à ce qu'il se soumette à ton autorité, et une fois cela fait, il te sera facile de le faire sortir par les oreilles de chez lui quand tu le voudras». «En outre, rappela-t-il à l'Imam Ali, Talhah et Zubayr ne sont pas des hommes sur qui on peut compter, et j'ai de bonnes raisons de les soupçonner de porter les armes contre toi très bientôt et de se joindre peut-être à Mu'âwiyeh».

«Mais, protesta  l'Imam Ali, la Loi Divine n'autorise pas les tromperies astucieuses. Je dois suivre strictement les principes authentiques de la Religion, et c'est pourquoi je ne dois pas permettre à une impie de rester à ce poste. Mu'âwiyeh n'aura rien d'autre que l'épée de ma part. Je ne peux le garder même pas un seul jour». «Bon! continua-t-il. Je te nomme, Ô Ibn 'Abbâs». «Cela est pratiquement impossible», s'écria ce dernier. «Mu'âwiyeh ne me laisserait pas en vie, à cause de ma parenté avec toi».

Ayant choisi ses hommes pour le gouvernement des différentes provinces,  l'Imam Ali  les envoya à leurs destinations respectives au mois de Moharram 36 H. pour remplacer les gouverneurs destitués. Ainsi, il envoya :

l- 'Obaydullâh Ibn 'Abbâs au Yémen;

'Obaydullâh arriva au Yémen et s'aperçut que Ya'lâ, son prédécesseur, avait transféré vers la Mecque tout le trésor, évalué à environ soixante mille dinars, qu'il céda à 'Âyechah avec six cents chameaux dont l'un était une rareté, un animal de grande taille et de bonne race, évalué à deux cents pièces d'or. Il s'appelait al-'Askar et fut spécialement offert pour l'usage personnel de 'Âyechah. 'Obaydullâh prit toutefois ses fonctions de gouverneur du Yémen. 


2- Qays Ibn Sa'd Ibn 'Obâdah en Egypte;

Qays Ibn Sa'd, lorsqu'il s'approchait de l'Egypte, fut accueilli par la résistance du parti de 'Othmân, dans la garnison frontalière, mais il réussit à gagner le siège de son gouvernement en feignant devant les opposants d'être attaché à la cause de 'Othmân. Son prédécesseur, 'Abdullâh Ibn Abî Sarh, ayant acquis la certitude de sa proche révocation, avait déjà pris le chemin de la Syrie afin de se réfugier chez Mu'âwiyeh comme l'avaient fait la plupart des Omayyades depuis l'accession de 'Alî au Califat. 


3- Quthâm Ibn 'Abbâs à la Mecque;


4- Samâhah Ibn 'Abbâs à Tihâmah;

5- 'Awn Ibn 'Abbâs à Yamânah;

6- 'Othmân Ibn Honayf à Basrah;

'Othmân Ibn Honayf, qui était allé à Basrah, y entra sans opposition, mais Ibn 'Âmir, son prédécesseur, était déjà parti avec tout le trésor pour rejoindre Talhah et Zubayr. 'Othmân occupa son poste, mais il constata que la désaffection pour 'Alî sévissait chez un grand nombre de gens.

7- Ammara Ibn Chahab à Kûfa;

'Ammârah, rencontra sur sa route vers Kûfa, à un relais appelé Zabala, Tulayhah et Qa'qa' qui lui conseillèrent de retourner à Médine étant donné, lui affirmèrent-ils, que les Kûftes étaient résolus à ne pas se séparer d'Abû Mûsâ al-Ach'arî qui avait été nommé selon leur propre choix par le dernier Calife. Ils l'avertirent que s'il tentait d'entrer à Kûfa, il aurait à faire face à une forte hostilité. 'Ammârah rebroussa chemin vers Médine et fît un rapport sur ce qui s'était passé au Calife. 



8- Sa'îd Ibn 'Abbâs à Bahrein;

9- Sahl Ibn Honayf en Syrie.

Lorsque Sahl, le nouveau gouverneur de Syrie, arriva à Tabûk, il rencontra un groupe de cavaliers qui lui dirent que le peuple syrien réclamait vengeance pour 'Othmân et qu'il n'était pas prêt à accueillir un homme nommé par 'Alî qû il n'avait pas reconnu comme Calife. N'étant pas préparé à assurer son avance, Sahl retourna à Médine et relata les faits à 'Alî.


Le Plan des Omayyades en Vue de Soulever les Gens contre l'Imam Ali

Entre-temps, les Omayyades, ne négligeant rien qui puisse servir à perturber l'Imam Ali  et son gouvernement, apportèrent, sur les instances d'Om Habîbah, une veuve du Prophète et la soeur de Mu'âwiyeh, la chemise tachée de sang que 'Othmân portait lors de son assassinat, ainsi que les doigts estropiés de Nâ'ilah, sa femme, à Mu'âwiyeh en Syrie où il les utilisa comme un instrument pour susciter l'esprit de vengeance chez les gens. Amr Ibn al-'Âç, le conseiller de Mu'âwiyeh, dit à ce dernier: «Montre à l'ânesse son ânon, elle remuera ses entrailles», et Mu'âwiyeh, s'exécuta en suspendant ladite chemise, sur laquelle on avait attaché les doigts estropiés de Nâ'ilah, sur la chaire de la Mosquée de Damas. Parfois ces reliques étaient transportées au campement de l'armée. Ces objets, exposés quotidiennement aux regards, exaspéraient les Syriens qui pleuraient tellement que leurs joues et leurs barbes étaient mouillées par leurs larmes et qu'ils jurèrent de tirer vengeance des assassins de 'Othmân.


Le Défi de Mu'âwiyeh à l'Autorité de l'Imam Ali

L'Imam Ali  se résolut tout d'abord à écrire une lettre à Mu'âwiyeh et à Abû Mûsâ pour leur demander de présenter leur allégeance. Abû Mûsâ lui répondit que lui et les Kûifites, à quelques exceptions près, étaient entièrement à sa disposition, mais de la part de Mu'âwiyeh aucune réponse n'était parvenue bien que plusieurs semaines se fussent écoulées. En fait, Mu'âwiyeh avait retenu le messager de l'Imam Ali pour être témoin de l'état d'esprit de ses armées qui réclamaient à grands cris et impatiemment "vengeons le sang dé 'Othmân" et qui, étant soumises au gouverneur de Syrie, n'attendaient qu'un mot de lui pour marcher contre tous ceux qu'elles croyaient être responsables de l'assassinat du précédent Calife.

Après plusieurs semaines, Mu'âwiyeh autorisa le messager à retourner à Médine, en compagnie de son propre messager, porteur d'une lettre, sur l'enveloppe de laquelle il y avait la mention "De Mu'âwiyeh", dès son arrivée à Médine, le messager de ce dernier accrocha la lettre en haut d'un bâton de sorte que tout le monde puisse la lire dans les rues. Etant ainsi prévenus de la désaffection de Mu'âwiyeh pour 'Alî, les gens s'assemblèrent en foule, soucieux de connaître le contenu du message. C'était juste trois mois après l'assassinat de 'Othmân que le message fut présenté à 'Alî, lequel en lut l'adresse et, enlevant le cachet, il découvrit que l'intérieur était tout blanc, ce qu'il considéra à juste titre comme un signe d'extrême confiance. Etonné par l'effronterie dédaigneuse de Mu'âwiyeh, il demanda au messager d'en expliquer l'énigme. Le messager, ayant obtenu l'assurance qu'il aurait la vie sauve, répondit: "Sache donc que j'ai laissé derrière moi en Syrie soixante mille guerriers pleurant le meurtre de 'Othmân sous sa chemise tachée de sang, exposée à côté de la chaire de la grande Mosquée de Damas, tenant tous à se venger de toi pour l'assassinat du Calife».

«De moi ! s'étonna 'Alî. Je fais de Dieu le témoin de mon innocence dans cette affaire. Ô mon Dieu! J'implore Ta protection contre cette fausse accusation». Puis, 'Alî déclara que seule l'épée pourrait arbitrer entre Mu'âwiyeh et lui-même, et se tournant vers Ziyâd Ibn Handhalah, qui était assis à côté de lui, il ordonna qu'une expédition contre la Syrie soit proclamée, ordre que Ziyâd communiqua rapidement aux gens.


Le Départ de Talhah et de Zubayr

Talhah et Zubayr, dont le désir de quitter Médine avait été deux fois contrecarré, et qui voyaient à présent comment les événements tournaient, devinrent soucieux d'avoir leur liberté d'action et de mouvement, liberté dont ils ne pouvaient jouir tant qu'ils restaient à Médine. Encore une fois ils vinrent voir l'imam Alî et lui demandèrent de les laisser partir pour la Mecque sous prétexte d'accomplir le Pèlerinage Mineur. L'imam Alî, qui avait compris leur véritable motivation, leur rappela leur déclaration faite librement lors de leur prestation de serment d'allégeance le jour de l'inauguration de son Califat, et les laissa partir en leur disant qu'il s'attendait à des choses étranges de leur part, et que pour cette raison il insistait pour qu'ils mettent sous serment leur sincérité.

L'Imam Ali commença la préparation de l'expédition vers la Syrie, en faisant appel à l'assistance de toutes les provinces tout en recrutant à Médine même. Mais avant d'engager le combat contre Mu'âwiyeh, il eut à faire face à une autre rébellion sérieuse, décrite en détail ci-après.


Le Plan de Rébellion d'Aicha, le début de la bataille du chameau

Aicha rencontra, sur son chemin de retour de la Mecque, Ibn Om Kalab, à Sarif. Celui-ci l'informa du meurtre de 'Othmân et de l'accession de l'Imam Alî au Califat. En apprenant ces nouvelles, elle se mit à crier : «Ramenez-moi à la Mecque, et de répéter, Par Dieu! 'Othmân était innocent, je vengerai son sang!». Elle fut ramenée sur-le-champ à la Mecque avec sa complice Hafçah, et elle commença à y propager la sédition.

N'oublions pas que pendant le début de la période troublée de 'Othmân, Aicha contribua elle-même à l'exaspération du mécontentement du peuple à son égard. Il est dit qu'elle était la complice des conspirateurs. Quand elle apprit la nouvelle de son assassinat, sur son chemin du retour de la Mecque, elle déclara qu'elle vengerait la mort de 'Othmân. "Quoi! s'écria son informateur, étonné par son zèle. Maintenant tu dis cela, alors que pas plus tard qu'hier tu incitais à le supprimer en tant qu'apostat?" "Oui! lui répondit-elle. Car, bien qu'il se soit repenti de ce dont les rebelles l'accusaient, ils l'ont tué". En réponse, son informateur récita des vers tendant à dire: "Tu étais la première à fomenter le mécontentement. Tu nous commandais de tuer le prince pour son apostasie, et maintenant"

En tout état de cause, on doit admettre que Aicha était une femme jalouse, violente et intrigante, caractère qui explique pour beaucoup ce qui paraîtrait bizarre autrement. En réalité, Aicha espérait que soit Talhah soit Zubayr succéderait à Othmân, mais à présent ayant appris, contrairement à son espérance, l'élection de l'Imam Alî qu'elle détestait, elle était extrêmement perturbée dans son esprit et se résolut à adopter une attitude d'hostilité ouverte. Se déclarant vengeresse du sang de 'Othmân, elle persuada le grand et puissant clan des Omayyades, auquel appartenait 'Othmân, de se joindre à sa cause.

Les Omayyades qui résidaient encore à la Mecque et ceux qui s'étaient enfuis de Médine lors de l'accession de l'Imam Alî au Califat se rassemblèrent avec empressement sous son drapeau. Les gouverneurs déposés de plusieurs provinces, entraînant avec eux facilement un grand nombre de mécontents, firent, eux aussi, les uns après les autres, cause commune avec elle. Ya'lâ, l'ex-gouverneur du Yémen lui fournit un moyen précieux de mener puissamment une guerre, en mettant à sa disposition le trésor qu'il avait emporté avec lui du Yémen.


Talhah et Zubayr Rejoignent Aicha dans sa Rébellion

C'était environ quatre mois après le meurtre de Othmân que Talhah et Zubayr arrivèrent à la Mecque et trouvèrent que les choses avaient bien progressé. Ils avaient des liens de parenté avec Aicha dont la soeur cadette était une épouse de Talhah (qui était également un cousin de son père Abû Bakr) et la soeur aînée une épouse de Zubayr dont le fils, Abdullâh, était proche de sa tante Aicha. Malgré leur serment d'allégeance à l'Imam 'Alî - serment dont ils disaient maintenant qu'il avait été pris sous la contrainte et qu'il était donc nul d'après eux ils exprimèrent leur désir d'épouser la cause de Aicha, cause qui, en cas de succès, servirait sûrement leurs intérêts. Par conséquent, ils la rejoignirent et commencèrent à travailler contre l'Imam Alî, déclarant aux factions de la Mecque que les affaires de l'Imam Alî se trouvaient dans des conditions bien troubles.

Aicha, Talhah et Zubayr, qui avaient été toujours des ennemis de 'Othmân et qui s'étaient affirmés, en fait, comme les organisateurs de sa mort et de sa destruction, lorsqu'ils virent l'Imam Alî, qu'ils détestaient autant sinon plus que 'Othmân, investi de la fonction de Calife, se servirent des amis réels et sincères de 'Othmân comme d'un instrument de leurs complots contre le nouveau Calife. Ainsi c'est pour des motifs et intérets très divers qu'ils se rassemblèrent tous sous le slogan de la vengeance du sang de Othmân.

L'étendard de la rébellion fut hissé et le discours de ces personnages distingués était écouté avec un vif intérêt par les revanchards et factieux Arabes dont les pères et frères avaient été tués par l'Imam Alî lorsqu'il défendait le Prophète et sa cause dans les différentes batailles qui avaient opposé l'Islam naissant aux Quraych païens à l'époque du Prophète. Beaucoup d'Arabes mécontents s'assemblèrent sous l'étendard de la révolte. Le trésor détourné par Ibn 'Âmir, le gouverneur déposé de Basrah, fut utilisé par Talhah et Zubayr pour équiper leurs forces armées.


Aicha incite Om Salma

Aicha demanda à Om Salma - une autre "Mère des Croyants" - qui se trouvait à la Mecque pour le Pèlerinage, de l'accompagner dans son aventure, mais elle repoussa avec indignation cette demande, et demanda à 'Âyechah comment elle pouvait justifier sa violation des Commandements du Prophète en s'opposant à l'imam Alî qui était lui aussi Calife dûment et unanimement élu par le peuple de Médine et reconnu par les peuples de plusieurs provinces.

Et récitant cette parole du Prophète: «'Alî est mon lieutenant aussi bien de mon vivant qu'après ma mort. Quiconque lui désobéit, me désobéit du même coup», elle demanda à Aicha si elle avait oui ou non entendu le Prophète prononcer cette parole. Elle répondit par l'affirmative.

Puis Om Salma lui rappela la Prédiction du Prophète, qu'il avait exprimée à l'adresse de ses femmes: «Peu après ma mort, les chiens de Hawab aboieront contre l'une de mes épouses qui sera parmi la bande rebelle. Oh! j'ai su qui elle était! Gare à toi, Ô Homayra! Je crains que ce ne soit toi».

En entendant ces démonstrations de la vérité, 'Âyechah fut alarmée. Continuant son avertissement, Om Salma dit: «Ne te laisse pas égarer par Talhah et Zubayr. Ils vont t'empêtrer dans l'erreur, mais ils ne seront pas capables de te sortir du courroux ni de la disgrâce qui te frapperont».

Aicha retourna à son logis presque encline à renoncer à son plan, mais les adjurations de son fils adoptif et neveu Abdullâh fils de Zubayr, persuadèrent sa nature vindicative de se venger de l'homme qui avait été le successeur du Prophète en la suspectant de la fausse accusation dont elle avait fait l'objet


La Marche de 'Aicha sur Basrah

A la fin, 'Âicha monta dans une litière sur le chameau al-'Askar, et quitta la Mecque à la tête de mille volontaires dont six cents montaient des chameaux quatre cents des chevaux. Elle était accompagnée de Talhah à sa droite et Zubayr à sa gauche. Sur son chemin, beaucoup de gens se joignirent à elle, gonflant le nombre de ses combattants à trois mille hommes.

Moghîrah Ibn Cho'bah, l'ex-Gouvemeur de Basrah et de Kûfa, qui avait présidé à ces deux gouvernements à l'époque du Calife 'Omar, et Sa'îd, l'un des vétérans de la Mecque, et un Mohâjir de la première Emigration, qui accompagnaient eux aussi la chevauchée, ayant des soupçons sur les vraies motivations de Talhah et Zubayr, demandèrent à ceux-ci qui serait Calife en cas de victoire.

«Celui d'entre nous deux qui sera choisi par le peuple» fut leur réponse tout faite. «Et pourquoi pas un fils de 'Othmân?» demanda Sa'îd. «Parce que les plus âgés étant des chefs distingués et des Muhâjidn, ne doivent pas être commandés», répondirent-ils. «Mais je crois, dit Sa'îd, que si l'objet de votre campagne est de venger la mort de 'Othmân son successeur de droit doit être son propre fils. Or deux de ses fils, Obân et Walîd, sont déjà dans votre camp. Votre nomination signifierait que, sous le prétexte de vouloir venger le Calife assassiné, vous avez combattu dans votre propre intérêt». «En tout cas, répliquèrent-ils, il appartiendra aux hommes de Médine de choisir quiconque ils voudront».

Moghîrah et Sa'îd, se méfiant des dirigeants de la rébellion, décidèrent de se retirer, et en conséquence ils tournèrent leurs talons vers la Mecque avec leurs partisans qui formaient une partie de l'armée rebelle. Se tournant vers les troupes, alors qu'ils passaient près d'elles, ils s'écrièrent: «Tuez les assassins de 'Othmân, détruisez-les tous sans exception». Moghîrah cria à l'adresse de Marwân et d'autres: «Où allez-vous traquer les meurtriers? Ils sont devant vos yeux sur les bosses de leurs chameaux (en pointant son doigt vers Talhah, Zubayr et 'Âyechah). Tuez-les et retournez chez vous. Ils sont l'objet même de votre vengeance. Ils ont trempé autant que tout autre dans cette sale affaire».

L'armée continua toutefois sa marche, tout en reprenant à son compte, et à cor et à cri ce qu'elle venait d'entendre. On argua à son intention que la question de la succession était prématurée, et 'Âyechah déclara que le choix d'un successeur était le droit exclusif des Médinois et qu'il devait rester le leur comme auparavant. Et pour éviter toute inquiétude supplémentaire, elle ordonna à 'Abdullâh, le fils de Zubayr, de conduire les prières quotidiennes.


Aicha dans la Vallée de Hawab

Sur leur route vers Basrah, les rebelles apprirent que 'Alî, le Calife, était sorti de Médine pour les poursuivre. Pour arriver à Basrah sans interruption et sans obstacle 'Âyechah ordonna qu'on changeât de route. Quittant la route principale, ses armées s'engagèrent sur des sentiers en direction de Basrah. Pour dissiper l'ennui des longues nuits de l'automne, le guide passait son temps à chanter et occasionnellement à crier le nom de chaque vallée, désert ou village par lesquels on passait. Arrivé une nuit à un lieu déterminé, il cria: «La vallée de Hawab ».

Frappée de stupeur par ce nom, un frisson traversa tout le corps de 'Âyechah lorsque sur-le-champ les chiens du village entourèrent son chameau et se mirent à aboyer vers elle plus bruyamment. «Quel est cet endroit?» hurla-t-elle. Le guide répéta sur le même ton habituel: «La Vallée de Hawab». La prédiction du Prophète, récemment remise à sa mémoire par Om Salma, comme on vient de le noter un peu plus haut, s'empara maintenant de son esprit, et elle s'exclama en tremblant: «Innâ Lillâhi wa Innâ Ilayhî râje'ûn» (Nous appartenons à Dieu et nous devons retoumer à Lui).

Faisant agenouiller son chameau, elle descendit de sa litière et gémit en lâchant un profond soupir: «Hélas! Hélas! Je suis en fait la misérable femme de Hawab. Le Prophète m'en avait déjà prévenue». Elle déclara qu'elle ne ferait pas un pas de plus avec cette expédition de malheur.

Talhah et Zubayr la pressèrent en vain de poursuivre son voyage, en lui racontant que le guide s'était trompé de nom et que cet endroit ne s'appelait pas Hawab. Ils subornèrent même cinquante témoins pour qu'ils le jurent, mais elle ne les crut pas et refusa d'avancer.

On dit que ce fut le premier faux témoignage public survenu depuis l'avènement de l'Islam. Ainsi cette nuit-là, et toute la journée suivante, les rebelles restèrent à Hawab. Talhah et Zubayr étaient déconcertés et ne savaient pas quoi faire.

Finalement, recourant à un stratagème intelligent, ils purent mettre l'armée sur pied en criant soudainement: «Vite! Vite! 'Alî s'approche rapidement pour nous surprendre». Ce disant, ils commencèrent à détaler. 'Âyechah, frappée de terreur, tourna tout de suite les talons, trouva son chameau et entra promptement dans sa litière. La marche fut ainsi reprise.


La révolte de Aicha

Dans sa hâte d'arriver à Basrah l'armée rebelle avança rapidement et, arrivant près de la ville, elle campa à Khoraybah. 'Âyechah fit venir un notable de Basrah, Ahnaf Ibn Qays, et lui demanda de rejoindre son étendard. Après quelques discussions sur le sujet, il refusa de prendre les armes contre le Calife. Mais décidé toutefois à rester neutre il quitta Basrah avec six mille partisans et campa à Wâdi-1-Saba, dans les faubourgs de Basrah.

'Âyechah envoya un message à 'Othmân Ibn Honayf, le gouvemeur de Basrah, l'invitant à venir la voir. Ibn Honayf enfila immédiatement son armure et, suivi d'un grand nombre de citoyens, se dirigea vers le campement de 'Âyechah. Mais à sa grande surprise, il trouva l'armée des insurgés déployés sur le terrain de manuvre, suivie par un grand nombre de ses concitoyens factieux qui avaient en même temps rejoint 'Âyechah pour se ranger de son côté. Des pourparlers s'engagèrent:

«Talhah et Zubayr s'adressaient alternativement aux foules, et ils furent suivis par 'Âyechah qui haranguait les gens du haut de son chameau. Sa voix, qu'elle avait élevé pour se faire entendre par tout le monde, devint stridente et aiguë, au lieu d'être intelligible, ce qui suscita l'hilarité de la foule. Une querelle éclata à propos de la justice de son appel, les différentes parties se mirent à échanger des injures, à se traiter de menteuses et à se lancer l'une contre l'autre de la poussière au visage. L'un des hommes de Basrah se tourna alors vers 'Âyechah et lui lança: "Honte à toi, Ô Mère des Croyants!" Et d'ajouter: "L'assassinat du Calife était un crime cruel, mais moins abominable que ton oubli de ta condition et de ton sexe. Pourquoi as-tu abandonné le calme de ta maison et ton voile protecteur pour monter comme un homme imberbe sur ce maudit chameau et fomenter querelles et dissensions parmi les fidèles?" Un autre homme de la foule s'écria, moqueur, aux visage de Talhah et Zubayr: "Vous avez amené votre mère avec vous. Pourquoi n'avez-vous pas amené vos femmes aussi?". Des insultes fusèrent de partout, des épées furent tirées, et des escarmouches éclatèrent, et les antagonistes se battirent jusqu'à ce que l'heure de la prière les eût séparés». ("Successors of Mohammad" de W. Irving, p. 172).

Les entrées de la cité étaient désormais hermétiquement fermées aux insurgés. Quelques jours passèrent, pendant lesquels des escarmouches eurent lieu, causant des pertes sérieuses aux partisans du gouverneur et permettant aux insurgés de s'implanter un peu dans la ville. Finalement une trêve fut conclue, aux termes de laquelle un messager serait envoyé à Médine pour vérifier si Talhah et Zubayr avaient prêté serment d'allégeance à 'Alî, le jour de l'inauguration de son Califat, volontairement ou sous la contrainte.

Dans le premier cas, ils devraient être traités en rebelles, et dans le second, leurs partisans à Basrah auraient raison de soutenir leur cause. Les insurgés, qui désiraient avoir une sérieuse occasion de vaincre le gouverneur et de prendre possession de la ville, acceptèrent cet arrangement pour gagner du temps. Un messager fut ainsi envoyé à Médine. Lorsqu'il délivra sa commission, tout le monde garda le silence. A la fin, Osâmah se leva et dit qu'ils avaient été contraints. Mais cette affirmation lui aurait coûté la vie sans l'intervention de son ami Sohayl, un homme d'influence et d'autorité, qui le prit sous sa protection et l'amena chez lui.

Dans l'intervalle, les dirigeants des insurgés s'efforcèrent d'attirer Ibn Honayf, le Gouverneur de Basrah, dans leur campement en lui envoyant des messages amicaux, mais il soupçonna une tricherie derrière ces messages et s'enferma chez lui en se faisant suppléer par 'Ammâr dans son poste. Talhah et Zubayr, prenant avec eux une élite de leurs partisans, une nuit de tempête, se mêlèrent à l'assemblée des priants dans la mosquée, surprirent le gouverneur, et après avoir tué quarante hommes de sa garde, ils le firent prisonnier. Le jour suivant, Hâkim Ibn Jabalah essaya de libérer le prisonnier, mais il perdit la vie et celle de soixante-dix partisans dans cette tentative.

Une bataille sérieuse fit rage dans la ville, aboutissant à une déconfiture totale et à des pertes considérables parmi les partisans de 'Alî. 'Âyechah entra en grand apparat dans la ville, et le gouvernement de Basrah, ainsi que le Trésor, passèrent aux mains des insurgés. Peu après la capture de 'Othmân Ibn Honayf, on demanda à 'Âyechah comment elle voulait qu'on disposât de lui. Elle le condamna à mort, mais sur les instances d'une femme de sa suite elle consentit à épargner sa vie. Il fut toutefois condamné à subir des maux encore pires jusqu'à ce qu'il pût échapper à ses ravisseurs. Les poils de sa barbe, ses moustaches et ses sourcils furent arrachés un à un, et il fut honteusement exposé au pilori.


L'imam Ali as Apprend la Nouvelle de la Révolte de 'Âyechah

Le lecteur se demandera sans doute avec anxiété ce que faisait 'Alî, le Calife, pendant tout ce temps-là. Nous allons donc laisser de côté les insurgés, maintenant maîtres de Basrah, pour suivre les traces de 'Alî.

Les nouvelles des troubles survenus à la Mecque étaient parvenues à Médine. Mais 'Alî avait dit que tant qu'une action de grande envergure des insurgés n'aurait pas menacé l'unité de l'Islam, il ne prendrait pas de mesures énergiques contre eux.

Après quelques temps, Om Salma, qui avait repoussé fermement les propositions de 'Âyechah à la Mecque, comme on l'a vu plus haut, s'étant rendue à Médine rapidement après le départ des insurgés pour Basrah, avait informé 'Alî de la révolte de 'Âyechah, Talhah et Zubayr.(115) Un autre message, en provenance d'Om al-Fadhl la veuve d'al-'Abbâs, qui se trouvait à la Mecque, était parvenu également à 'Alî, faisant état des mouvements des rebelles contre le Calife et de leur marche sur Basrah.

En apprenant cette nouvelle, 'Alî avait fait rassembler les gens dans la grande Mosquée et les avait appelés aux armes pour poursuivre les rebelles. Le discours éloquent et les appels chaleureux du Calife avaient été accueillis avec froideur et apathie par l'assemblée.(116)

Personne ne paraissait prêt à répondre à l'appel, notamment parce que certains dans l'auditoire avaient pris en considération le fait que la personne contre laquelle on les pressait de prendre les armes n'était autre que la Mère des Croyants, 'Âyechah, et redoutaient une guerre civile; d'autres encore se demandaient si 'Alî n'avait pas été impliqué indirectement dans la mort de 'Othmân.

Pendant trois jours consécutifs, 'Alî fit de son mieux pour que les gens bougent et réagissent. Finalement, le troisième jour, Ziyâd Ibn Handhalah se leva et s'avança vers 'Alî en disant: «Laisse-les rester à l'arrière, moi, j'avancerai». Suivant son exemple, deux Ançâr, Abul-Hathim et Khazima Ibn Thâbit s'avancèrent en prononçant ces propos: «Le Prince des Croyants est innocent du meurtre de 'Othmân, nous devons le rejoindre». Sur-le-champ Abû Qatâda, un autre Ançârî, un homme distingué, se leva et, tirant son épée, s'exclama: «Le Messager de Dieu, que la paix soit sur lui, m'avait ceint avec cette épée. Je l'ai gardée rengainée depuis longtemps, mais à présent il est grand temps de la dégainer contre ces méchants hommes qui trompent toujours le peuple». ("History of the Saracens" de Simon Ockley, p. 300).

Même Om Salma dit avec zèle : «Ô Commandeur des Croyants! Si la loi le permettait, je t'aurais accompagné dans ton expédition, mais je sais que tu ne me le permets pas. Aussi je t'offre les services de mon fils 'Omar B. Abî Salma, qui m'est plus cher que ma propre vie. Laisse-le partir avec toi pour partager vos chances». 'Alî accepta l'offre et 'Omar Ibn Abî Salma l'accompagna dans l'expédition. C'était un homme de valeur, de piété et de beaucoup d'autres qualités, et il sera nommé plus tard, gouverneur de Bahrein.


La Marche de L'imam Alî contre Aicha

Finalement, une armée de neuf cents hommes put être levée difficilement. L'attitude froide des Médinois dans cette conjoncture critique découragea tellement 'Alî qu'il décida de ne pas revenir parmi eux et de choisir un autre endroit pour le siège de son gouvernement. Il sortit cependant à la tête de cette petite force de neuf cents hommes dans l'intention de surprendre les rebelles sur leur chemin vers Basrah.

Arrivé à Rabdhah (aux abords de Najd), il constata que les insurgés étaient déjà partis et qu'ils se trouvaient bien loin devant. Bien que rejoint dans sa marche par les Banî Tay et quelques autres tribus loyales, il n'était pas suffisamment équipé pour avancer davantage. Aussi ordonna-t-il qu'on fasse halte à Thî-Q'ar (Thî-Qâr), en attendant l'arrivée de renforts de Kûfa, ville à laquelle il avait envoyé Mohammad Ibn Abî Bakr et 'Abdullâh Ibn Ja'far pour demander à son gouvemeur Abû Mûsâ al-Ach'arî d'inciter les gens à rejoindre leur Calife afin d'aller avec lui auprès des rebelles et d'essayer de réunir les gens divisés.

Abû Mûsâ al-Ach'arî n'était pas bien disposé envers le Calife, qui avait auparavant envoyé 'Ammâr Ibn Chahab pour le remplacer, comme nous l'avons déjà vu. En outre, c'était un homme qui manquait d'enthousiasme dans l'accomplissement de ses tâches. 'Âyechah lui avait déjà écrit des lettres pour dissuader ses concitoyens de prêter serment d'allégeance à 'Alî et pour les persuader de se lever pour venger le meurtre de 'Othmân. Prenant acte du succès de 'Âyechah à Basrah, il avait déjà commencé à nuancer son allégeance à 'Alî et à défendre la cause de 'Âyechah devant les gens.

Lorsque les messagers du Calife arrivèrent à Kûfa et qu'ils délivrèrent leur message, un silence complet régna sur l'assemblée dans la mosquée. Finalement les gens demandèrent à Abû Mûsâ ce qu'il leur conseillait à propos de la demande du Calife de le rejoindre. Il répondit gravement que sortir ou rester à la maison étaient deux choses différentes. Le premier était un acte pour le monde d'ici-bas, le second pour celui de la vie future. A eux donc de choisir.

Choqués par ces propos tendancieux, les envoyés du Calife lui en firent le reproche. Ce à quoi il répondit que le serment d'allégeance envers 'Othmân l'engageait encore - tout comme il engageait encore leur maître (c'est-à-dire 'Alî) - ainsi que son peuple, lequel était déterminé à liquider les assassins du défunt Calife où qu'ils se trouvent, et que, aussi longtemps que les meurtriers resteraient tranquilles, il ne participerait à aucune expédition.(119) Il demanda à Mohammad Ibn Abî Bakr et 'Abdullâh Ibn Ja'far de retourner chez 'Alî pour lui répéter ce qu'il venait de leur dire.

Dans l'intervalle, 'Othmân Ibn Honayf, l'ex-Gouverneur de Basrah, se rendit à Thî-Qa'r. Il était dans un drôle d'état. Le Calife le reconnut et lui dit en souriant qu'il l'avait laissé un vieil homme et qu'il revenait auprès de lui tel un jeune imberbe. En fait, 'Othmân avait eu une barbe remarquablement belle, dont la perte, doublée de la perte de ses cheveux et sourcils lui donnait une apparence étrange. Il raconta à 'Alî ses mésaventures avec les dirigeants des insurgés, et le Calife sympathisa avec lui pour les souffrances qu'il avait subies, et le réconforta en l'assurant que ses peines seraient comptées comme mérites. Puis il dit que les hommes qui avaient été les premiers à le reconnaître comme Calife, étaient aussi les premiers à abjurer leur serment d'allégeance et les premiers à se rebeller contre lui. Il s'étonna de leur soumission volontaire à Abû Bakr, 'Omar et 'Othmân, et de leur opposition à lui-même.

Aussitôt que Mohammad Ibn Abî Bakr et 'Abdullâh Ibn Ja'far retournèrent à Médine et rapportèrent ce qu'Abû Mûsâ avait dit, le Calife dépêcha Ibn 'Abbâs et Mâlik al-Achtar à Kûfa où ils délivrèrent le message du Calife demandant l'assistance des Kûfites. Mais au lieu d'encourager ces derniers à répondre à l'appel du Calife, Abû Mûsâ leur dit:

«Frères! Les Compagnons du Prophète sont plus savants que les Non-Compagnons à propos de Dieu et de Son Prophète. Le désaccord est parmi les Compagnons qui savent mieux à qui il faut faire confiance. Vous ne devez donc pas vous mêler de leurs affaires, car le Prophète a dit une fois: "Il y aura des troubles pendant lesquels il vaudra mieux (pour le Musulman) être couché que réveillé, réveillé qu'assis, assis que debout, debout qu'en marche, en marche que sur une monture". Rengainez donc vos épées, cassez vos arcs et déposez vos lances. Gardez tranquillement vos maisons et accueillez-y avec hospitalité les blessés jusqu'à ce que les troubles cessent. Laissez les Compagnons du Prophète se mettre tous d'accord entre eux. Vous n'avez besoin de faire la guerre contre aucun d'entre eux. Que ceux qui sont venus vous voir de Médine, retournent d'où ils sont venus».

Lorsque Ibn 'Abbâs et Mâlik al-Achtar retournèrent à Médine et rapportèrent au Calife ce qu'avait fait Abû Mûsâ al-Ach'arî, il envoya son fils, al-Hassan, accompagné de 'Ammâr Ibn Yâcir qui avait été pendant un temps Gouverneur de Kûfa durant le règne du Calife 'Omar, et qui avait été très maltraité par la suite par le Calife 'Othmân pour ses remarques franches. Mâlik al-Achtar (un homme d'initiative et de détermination, qui exerçait une grande influence sur les Kûfites) et qui avait été irrité par les équivoques d'Abû Mûsâ lors de sa précédentes mission, suivit al-Hassan dans son voyage, en compagnie de Qardhah Ibn Ka'b al-Ançârî qui venait d'être nommé Gouverneur de Kûfa en remplacement d'Abû Mûsâ al-Ach'arî.

Abû Mûsâ les reçut tout à fait respectueusement, mais lorsqu'on demanda aux Kûfites, rassemblés dans la mosquée, leur participation à l'expédition contre les insurgés, conformément au message du Calife, il s'y opposa aussi vigoureusement qu'il l'avait fait auparavant, invoquant le même hadith, cité dans le précédent paragraphe, à savoir: «Il y aura des troubles pendant lesquels il vaudra mieux être couché que réveillé, etc.».

'Ammâr Ibn Yâcir, le vénérable Compagnon favori du Prophète, âgé alors d'environ quatre-vingt dix ans, un soldat austère et vétéran, et à présent général de Cavalerie dans l'armée de 'Alî, ayant entendu le discours malicieux d'Abû Mûsâ, lui répliqua vivement qu'il avait fait un mauvais usage de la parole du Prophète, laquelle visait à réprimander des hommes de l'espèce d'Abû Mûsâ lui-même, qu'il valait mieux qu'ils restent couchés que réveillés, assis que debout, etc... Cependant, Abû Mûsâ persistait à décourager les gens de répondre aux propositions des envoyés de 'Alî. Un tumulte s'éleva lorsque Zayd Ibn Sihân intervint pour lire une lettre de 'Âyechah lui commandant soit de rester neutre soit de la rejoindre.

Après avoir fait la lecture de cette lettre, il en sortit une autre adressée au grand public de Kûfa, leur demandant de faire de même. Après la lecture de ces deux lettres, il fit remarquer: «Le Coran et le Prophète commandent qu'elle ('Âyechah) reste tranquille chez elle, et que nous combattions jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de sédition. Elle nous ordonne donc de jouer son rôle alors qu'elle a pris le nôtre pour elle». D'aucuns parmi l'assistance reprochèrent à Zayd sa remarque contre la Mère des Croyants.

Abû Mûsâ reprit son discours pour poursuivre son opposition au Calife, ce qui conduisit certains parmi les auditeurs à lui reprocher son infidélité et sa déloyauté et à l'obliger à quitter la chaire qui fut ensuite occupée par al-Hssan Ibn 'Alî. Abû Mûsâ dut quitter non seulement la chaire, mais aussi le mosquée tout de suite, quelques soldats de la garnison stationnée au palais du Gouverneur étant venus se plaindre d'avoir été battus sévèrement avec des bâtons.

Il est à noter que le débat se déroulait à la mosquée, Mâlik al-Achtar avait pris avec lui un groupe de ses partisans et s'était emparé par surprise du palais du Gouverneur, et les hommes de la garnison avaient été bruyamment battus et envoyés à la mosquée pour interrompre le débat. Cette prompte action eut l'effet escompté. En outre elle rendit l'impassibilité froide de la conduite d'Abû Mûsâ tellement ridicule et méprisable que les sentiments du peuple se retournèrent immédiatement contre lui. Lorsqu'il sortit de la mosquée, il se rendit hâtivement à son palais où Mâlik lui ordonna de vider les lieux immédiatement. La foule assemblée à l'entrée était prête à piller ses biens, mais Mâlik intervint et impartit à Abû Mûsâ un délai de vingt-quatre heures pour qu'il emportât ses effets.

Al-Hassan Ibn 'Alî Réussit une Levée de Neuf Mille Kûfites

Du haut de sa chaire, al-Hassan adressa avec éloquence à l'assemblée un discours dans lequel: «il confirma l'innocence de son père en ce qui concerne l'assassinat de 'Othmân. Il dit que son père, soit avait tort, soit subissait une injustice. S'il avait tort, Dieu 1'en punirait et s'il subissait une injustice, IL lui viendrait en aide. L'affaire était donc entre les Mains du Très-Haut. Talhah et Zubayr qui avaient été les premiers à inaugurer son Califat, avaient été aussi les premiers à se retourner contre lui. Qu'avait-il donc fait, en tant que Calife, pour mériter cette opposition? Quelle injustice avait-il commise? Quelle avidité ou quel égoïsme avait-il manifestés». ("Successors of Mohammad" de W. Irving, p. 177).

L'éloquence d'al-Hassan eut un pouvoir réel sur l'assistance. Les chefs des tribus se dirent les uns aux autres qu'ils avaient tendu leurs mains en guise d'allégeance à 'Alî, et que ce dernier leur avait fait honneur en leur demandant d'être les arbitres dans une si importante affaire. Ils regrettèrent de n'avoir pas tenu compte des précédents messagers du Calife, ce qui avait conduit ce dernier à députer son fils pour demander leur assistance. Ils conclurent finalement qu'ils devaient obéir à leur Calife et répondre à une demande si raisonnable.

Al-Hassan leur dit qu'il allait retourner auprès de son père et que ceux qui se croyaient prêts à l'accompagner devaient le faire, alors que les autres pouvaient le suivre par voie de terre ou par bateaux. Ainsi neuf mille Kûfites rejoignirent 'Alî par terre et par bateaux. En leur souhaitant la bienvenue, 'Alî leur dit: «Je vous ai fait venir ici pour être témoins entre nous et nos frères de Basrah. S'ils acceptent de se soumettre pacifiquement, c'est tout ce que nous désirons, mais s'ils persistent dans leur révolte, nous les amènerons à la réconciliation gentiment, à moins qu'ils ne se mettent à nous offenser. Pour notre part, nous ne négligerons rien qui puisse, d'une façon ou d'une autre, contribuer à un arrangement que nous devons préférer à la désolation de la guerre». ("History of the Saracens" de S. Ockley, p. 305).

L'armée du Calife, ayant reçu des renforts de diverses régions, devint forte d'environ vingt mille hommes qui s'avancèrent vers Basrah. Pendant qu'il était stationné avec son année à Thî-Qâr, 'Alî avait écrit des lettres à 'Âyechah, Talhah et Zubayr pour les mettre en garde contre les démarches déraisonnables qu'ils avaient entreprises, et pour leur dire qu'aucun d'entre eux ne pouvait prétendre être le vengeur du sang de 'Othmân, ce dernier étant un Omayyade, alors qu'aucun d'eux n'appartenait aux Banî 'Omayyah.

'Âyechah avait répondu que les choses étaient arrivées à un point où les avertissements n'avaient plus aucune utilité, alors que Talhah et Zubayr ne donnèrent pas de réponse écrite, se contentant de faire parvenir à 'Alî un mot pour l'informer qu'ils n'étaient pas disposés à obéir à ses ordres et qu'il avait toute la liberté de faire ce qu'il voulait.


L'Arrivée de l'Imam Alî à Basrah

L'armée de 'Âyechah comptait trente mille hommes dont la plupart étaient de nouvelles recrues, alors que celle de 'Alî se composait principalement de vétérans, d'hommes ayant déjà servi dans les forces armées, et de Compagnons du Prophète. Lorsque 'Alî apparut avec ses forces armées déployées en un imposant ordre de bataille devant Basrah, 'Âyechah et ses confédérés furent frappés de terreur. Une fois proche de Basrah, 'Alî envoya Qa'qâ' Ibn 'Amr, un Compagnon du Prophète, aux dirigeants des rebelles en vue de négocier avec eux un plan de paix, si possible.

'Âyechah répondit que 'Alî devait négocier personnellement avec eux. Lorsque 'Alî arriva, des messages circulèrent dans les rangs des forces hostiles en vue de compromettre la négociation. On voyait 'Alî, Talhah et Zubayr tenir de longues conversations, faisant le va-et-vient ensemble à la vue des deux armées, et les négociations paraissaient tellement dans la bonne voie que tout le monde pensa qu'on allait aboutir sûrement à un arrangement pacifique; car par son impressionnante éloquence, 'Alî toucha les curs de Talhah et de Zubayr en les mettant en garde contre le jugement du Ciel et en les défiant à une ordalie où l'on invoquerait la malédiction divine contre ceux qui avaient encouragé et suggéré le meurtre de 'Othmân et incité les malfaiteurs à le commettre.

Au cours de l'un de leurs entretiens, 'Alî demanda à Zubayr: «As-tu oublié le jour où le Messager de Dieu t'avait demandé si tu n'aimais pas son cher "fils" 'Alî et où tu lui as répondu: "Si". Ne te rappelles-tu pas cette prédiction du Prophète: "Cependant, il arrivera un jour où tu te soulèveras contre lui et où tu apporteras des misères à lui et à tous les Musulmans"».

Zubayr répondit qu'il s'en souvenait parfaitement, qu'il se sentait désolé, que s'il s'en était souvenu auparavant, il n'aurait jamais porté les armes contre lui. Zubayr semblait donc déterminé à ne pas se battre contre 'Alî. Il retourna à son camp et informa 'Âyechah de ce qui s'était passé entre lui et 'Alî.

«On dit qu'à la suite de cette allusion à la prédiction du Prophète, Zubayr renonça à combattre contre 'Alî, mais malgré ladite prédiction prophétique, 'Âyechah était si pleine de haine contre 'Alî qu'elle ne pouvait accepter aucun arrangement, à n'importe quelle condition. D'autres disent que c'est le fils de Zubayr, 'Abdullâh (adopté par 'Âyechah) qui l'avait fait changer d'avis en lui demandant si c'était la peur des troupes de 'Alî qui l'avait conduit à cette volte-face. A ceci Zubayr répondit "Non mais le serment prêté à 'Alî". 'Abdullâh lui suggéra alors d'expier son serment en libérant un esclave, ce qui l'amena à se préparer sans plus d'hésitation à combattre contre 'Alî». ("History of the Saracens" de S. Ockley, p. 307).

Les deux armées étaient face à face sur le même champ de bataille. Durant la nuit chaque partie chargea l'autre, les deux parties s'accusant mutuellement d'avoir ouvert les hostilités. Le lecteur pourra lui-même déduire quelle est la partie à blâmer pour cette attaque nocturne, quelle partie essayait d'arriver à un arrangement pacifique pour éviter l'effusion de sang et laquelle mettait en échec ces tentatives de paix. Les circonstances relatées ci-dessus sont assez claires pour éclairer et indiquer la vérité.

La Bataille d'Al-Jamal (du Chameau)

Le lendemain matin, tôt, le vendredi 16 Jamâdî II de l'an 36 H. (Nov., 656 ap. J. -C.), 'Âyechah entra dans le champ de bataille, assise dans une litière sur son grand chameau, al-'Askar. Elle fit l'inspection de ses troupes, qu'elle animait par sa présence et par sa voix. Dans l'histoire, cette bataille fut appelée "La Bataille du Chameau", en raison de la présence de la bête étrange sur laquelle était montée 'Âyechah, et ce, bien qu'elle fût livrée à Khoraybah, près de Basrah.

L'armée de 'Alî faisait face à l'ennemi en ordre de bataille, mais le Calife avait ordonné à ses combattants de ne charger que si l'ennemi les attaquait le premier. En outre, il leur donna l'ordre strict de ne jamais achever un blessé, de ne jamais poursuivre un fuyard, de ne pas s'emparer de butin et de ne jamais violer une maison. Et alors qu'une pluie de flèches lancées par l'ennemi tombait sur les troupes de 'Alî, celui-ci ordonna à ses soldats de ne pas rpondre au tir et d'attendre.


«Jusqu'au dernier moment 'Alî fit preuve d'une répugnance implacable à l'effusion du sang de Musulmans, et juste avant la bataille il s'efforçait encore d'obtenir l'allégeance de l'adversaire par un appel solennel au Coran. Une personne, nommée Muslim, s'avança alors immédiatement, levant un exemplaire du Coran dans sa main droite. Muslim se mit à fustiger l'ennemi pour l'amener à renoncer à ses desseins injustifiés. Mais la main qui portait le Livre Sacré fut coupée par un soldat de l'armée ennemie. Il porta alors le Coran dans sa main gauche, mais celle-ci fut à son tour coupée par un autre cimeterre. L'homme ne fut pas pour autant découragé, et il serra le Coran contre sa poitrine avec ses bras mutilés, continuant ses exhortations jusqu'à ce qu'il fût achevé par les sabres de l'ennemi. Son corps fut par la suite récupéré par ses amis et des prières furent faites sur lui par 'Alî lui-même. Le Calife ramassa ensuite une poignée de sable, la lança en direction des insurgés, invoquant contre eux la vengeance de Dieu. En même temps, l'impétuosité des hommes de 'Alî ne pouvait être retenue plus longtemps. Tirant leurs sabres et pointant leurs lances, ils se lancèrent vaillamment dans le combat qui fut livré de tous côtés avec une férocité et une animosité extraordinaires». ("Mohammadan History" de M. Price, cité par S. Ockley, op. cit., p. 308).


Le Sort de Talhah

Alors que la bataille faisait rage et que la victoire commençait à pencher du côté de 'Alî, Marwân Ibn al-Hakm (le Secrétaire Particulier du précédent Calife, 'Othmân), l'un des officiers de l'armée de 'Âyechah, remarqua que Talhah incitait ses troupes à se battre vaillamment.«Voyez ce traître! dit-il à son serviteur. Tout récemment encore, il était l'un des assassins du vieux Calife. Et le voilà qui prétend être le vengeur de son sang. Quelle plaisanterie!» Ce disant, il tira dans un accès de haine et de furie une flèche qui perça sa jambe droite et la traversa pour toucher son cheval qui se cabra et jeta le cavalier par terre.

En ce moment d'angoisse, Talhah s'écria: «Ô mon Dieu! Venge 'Othmân sur moi selon Ta Volonté», avant d'appeler au secours. Constatant que ses chaussures ruisselaient de sang, il demanda à l'un de ses hommes de le ramasser, de le faire monter sur son cheval, derrière lui, et de le convoyer à Basrah. Et sentant sa fin proche, il appela l'un des hommes de 'Alî qui se trouvait là par hasard: «Donne-moi ta main, dit le mourant repentant, afin que j'y pose la mienne en guise de renouvellement de mon serment d'allégeance à 'Alî». Talhah rendit son dernier soupir en prononçant ces mots de repentir.

Lorsque 'Alî entendit le récit de sa mort, son cur généreux fut touché, et il dit: «Allâh ne voulait pas l'appeler au Ciel avant d'effacer sa première violation de serment par ce dernier serment de fidélité». Le fils de Talhah, Mohammad, fut lui aussi tué dans cette bataille.


Le Sort de Zubayr

Les remords et la componction avaient envahi le cur de Zubayr après avoir écouté le rappel par 'Alî de la prédiction du Prophète. Il ne fait pas de doute qu'il avait participé à la bataille sur l'instance de 'Âyechah et de son fils et à contre-coeur. Par la suite, il avait vu 'Ammâr Ibn Yâcir, le vénérable et vieux Compagnon du Prophète, connu pour sa probité et son intégrité, être un Général dans l'armée de 'Alî. Il s'était rappelé alors avoir entendu de la bouche du Prophète que 'Ammâr serait toujours du côté des partisans de la justice et du bon droit et qu'il tomberait sous les sabres de mauvais rebelles. Tout avait semblé donc être de mauvais augure pour participer à cette bataille. Aussi se retira-t-il du champ de bataille et prit-il le chemin de la Mecque tout seul.

Lorsqu'il arriva à la vallée traversée par le ruisseau de Saba, où Ahnaf Ibn Qays avait campé avec une horde d'Arabes dans l'attente de l'issue du combat, il fut reconnu de loin par Ahnaf. «Personne ne peut-il m'apporter des nouvelles de Zubayr?» dit-il à l'adresse de ses hommes. L'un de ceux-ci, 'Amr Ibn Jarmuz, comprit l'insinuation et se mit en route. Zubayr voyant cet homme s'approcher, le soupçonna de mauvaises intentions à son égard. Aussi lui ordonna-t-il de rester à distance. Mais après avoir échangé quelques paroles, ils devinrent amis et tous deux descendirent de leurs chevaux pour faire la Prière, étant donné qu'il en était l'heure. Lorsque Zubayr se prosterna en accomplissant sa Prière, 'Amr saisit l'occasion et coupa sa tête avec son cimeterre.

Il apporta sa tête à 'Alî qui pleura à la vue de cette tête. Car il s'agissait de la tête de quelqu'un qui avait été son ami. Se tournant vers l'homme qui lui avait apporté ce cadeau macabre, il s'écria, indigné: «Va-t-en maudit. Apporte tes nouvelles à Ibn Safiyah en enfer». Cette malédiction inattendue enragea le misérable qui s'attendait plutôt à une récompense, et il proféra une bordée d'injures à l'adresse de 'Alî. Puis, dans un accès de désespoir, il dégaina son sabre et l'enfonça dans son propre cur.

La Défaite de 'Âyechah


Tel fut donc le sort des deux grands dirigeants des rebelles. Quant à 'Âyechah, l'implacable âme de la révolte, la femme de guerre, elle continua à hurler inlassablement de sa voix stridente: «Tuez les assassins de 'Othmân», incitant ses hommes à se battre. Mais les troupes, privées de leurs dirigeants, s'étaient senties déjà démoralisées et avaient commencé à retourner à la ville.


Toutefois, voyant que 'Âyechah était en danger, ses partisans arrêtèrent leur fuite et revinrent à son secours. Se rassemblant autour de son chameau, ils essayèrent l'un après l'autre d'en saisir la bride et de prendre l'etendard, mais ils furent abattus à tour de rôle. Ainsi soixante-dix hommes périrent par la bride de cet animal maudit. La litière de 'Âyechah, en tôle d'acier et construite comme une cage, était hérissée de dards et de flèches, et sur la bosse de l'énorme bête, elle ressemblait à un hérisson effrayant et en colère.


«Convaincu que la bataille ne pourrait être interrompue aussi longtemps que le chameau continuerait à s'amuser de la sorte avec les défenseurs de 'Âyechah, 'Alî exprima aux hommes qui l'entouraient son désir de les voir s'efforcer de terrasser l'animal. Après plusieurs assauts désespérants, Mâlik al-Achtar réussit enfin à forcer un passage et à casser l'une des pattes du chameau. Mais malgré cela, l'animal resta debout et impassible, et persévéra dans son attitude. Une autre patte fut brisée, mais sans résultat. Mâlik al-Achtar, étonné et terrifié par le comportement du chameau ne savait pas s'il devait continuer ou non. 'Alî s'approcha et lui demanda de frapper sans hésitation même si l'animal paraissait bénéficier du soutien d'un agent surnaturel. Stimulé, Mâlik frappa la troisième patte et l'animal fut immédiatement terrassé.» La litière de 'Âyechah étant maintenant à terre, 'Alî ordonna à Mohammad, fils d'Abû Bakr, de se charger de sa soeur et de la protéger des flèches qui continuaient à tomber de partout. Mohammad s'exécuta, s'approcha de la litière, et y introduisant sa main qui toucha par hasard celle de 'Âyechah, il entendit cette dernière l'accabler d'insultes et crier, interrogative, quel vaurien osait toucher sa main que personne d'autre que le Prophète n'avait l'autorisation de toucher. Mohammad répondit que bien que cette main fût celle de la personne la plus proche d'elle par le sang, elle était aussi celle de son pire ennemi. Reconnaissant alors la voix bien connue de son frère, 'Âyechah se défit rapidement de ses appréhensions». ("Mohammadan History" de M. Price, cité par S. Ockley, op. cit., p. 310).


La Magnanimité de 'Alî envers l'ennemi

«'Âyechah pouvait s'attendre logiquement à un traitement sévère de la part de 'Alî, étant donné qu'elle était son ennemie vindicative et acharnée, mais 'Alî était trop magnanime pour se venger d'un adversaire vaincu». ("Successors of Mohammad" de W. Irving, p. 179).

Une fois que toutes les confusions liées à la bataille se furent estompées, 'Alî vint voir 'Âyechah et lui demanda comment elle allait. Ayant constaté qu'elle allait bien et qu'elle avait été sauvée sans subir aucun mal, il lui dit sur un ton de reproche: «Le Prophète aurait-il accepté que tu agisses ainsi?» Elle répondit: «Tu es victorieux. Sois donc bon envers ton adversaire vaincu». 'Alî ne lui fit plus de reproches et ordonna à son frère Mohammad d'emmener sa sur à la maison de 'Abdullâh Ibn Khalaf, un Khozâ'ite, notable citoyen de Basrah, tué alors qu'il combattait pour 'Âyechah. Celle-ci demanda à son frère de chercher les traces de 'Abdullâh, fils de Zubayr, qu'on trouvera par la suite, blessé, parmi les morts et les blessés qui jonchaient le champ de bataille.

Selon le désir de 'Âyechah il fut amené devant 'Alî pour obtenir son pardon. Le très généreux vainqueur promulgua alors avec magnanimité une amnistie générale pour tous les rebelles et leurs alliés, y compris 'Abdullâh Ibn Zubayr. Malgré toutes ces mesures de clémence, Marwân et les Omayyades s'enfuirent chez Mu'âwiyeh en Syrie, ou à la Mecque.

L'imam Ali ordonna à Mohamad ibn abu bakr de remettre sa soeur aicha à Medine

Le Transfert du Siège du Gouvernement

Le séjour de 'Alî à Basrah ne dura pas longtemps. Après avoir nommé 'Abdullâh Ibn 'Abbâs Gouverneur de cette ville, le Calife repartit pour Kûfa au mois de Rajab de l'an 36 H. Craignant les mauvais desseins de Mu'âwiyeh à son égard, le Calife considéra Kûfa comme un lieu bien situé pour faire face à toute attaque contre la région de l'Irak ou de la Mésopotamie. Peut-être aussi en reconnaissance de l'assistance qu'il avait reçue de la part des Irakiens, il estima bon de transférer de Médine à Kûfa le siège de son gouvernement. Il fit ainsi de cette ville le centre de l'Islam et la capitale de l'Empire, et c'était d'autant plus à bon escient que Kûfa était géographiquement au centre de ses provinces.

 


La Bataille de Siffine

1-L’établissement de l’Imam ‘Alî (P) à Kûfa :


Quinze jours après la fin de la bataille du chameau, ‘Alî (P) ayant déjà nommé ‘Abdullah Ibn Abbâs gouverneur de Basra, mit en mouvement ses troupes en direction de Kûfa. Le Calife avait décidé de faire de cette ville le siège de son gouvernement. Au moins deux raisons militaient en faveur du choix de Kûfa.

La toute première de ces raisons était d’ordre stratégique. Kûfa se trouvait au centre de l’Empire, à égale distance des principales régions composant l’Arabie ancienne. Ce qui réduisait de beaucoup les charges suscitées par les déplacements de l’Armée de la Umma et augmentait sa mobilité.

La deuxième raison était l’avantage numérique de la population de Kûfa par rapport à celle de Médine mais aussi son plus grand attachement à l’Imam ‘Alî. A Médine l’Imam n’avait pas réussi à lever une armée de plus de neuf cents hommes alors qu’à Kûfa plus de neuf mille hommes s’alignèrent derrière lui.

Cette ville était entièrement acquise à l’Imam ‘Alî et à ses partisans.


2-Les objectifs de Mu’âwiyah en Syrie :

Profitant de l’assassinat de Usmân, Mu’âwiyah avait monté toute une stratégie de propagande contre les assassins du Calife pour, en réalité, renforcer son pouvoir et satisfaire ses ambitions indépendantistes. Son refus de voler au secours du Calife Usmân assiégé participait de cette visée personnelle de Mu’âwiyah.

Malheureusement ses partisans ne parvenaient pas à voir cette réalité qui crevait pourtant les yeux. Toutefois, à la décharge du grand nombre d’umayyades qui avaient quittaient Médine pour se réfugier en Syrie et des Syriens soutenant Mu’âwiyah, il existait trois raisons influentes, quoique insuffisantes, qui les rendaient aveugles à ce point.

D’abord, les umayyades – à l’instar des tribus arabes de l’époque – tenaient coûte que coûte à venger le sang de leur frère Usmân. Cette tradition de vendetta était fortement établie en Arabie et elle se transmettait de générations en générations. Or Usmân avait été tué à Médine par toute une population. Donc n’importe quel bouc émissaire qu’on leur désignait, surtout venant de Médine, devenait l’ennemi à abattre. En particulier le remplaçant du Calife qui devenait ainsi l’assassin virtuel désigné bien que tout le monde sût le rôle de conseil, de médiation pour la paix et de protection que joua ‘Alî (P) pour Usmân avant et pendant toute la durée de ses difficiles négociations avec les révoltés.

Ensuite, une campagne insidieuse était menée par Mu’âwiyah en vue de faire monter la haine envers les assassins de Usmân. Suivant en cela son Conseiller Amr Ibn al-Âç, Mu’âwiyah avait fait accrocher sur la chaire de la Mosquée de Damas la chemise tâchée de sang que Usmân portait lors de son assassinat ainsi que les doigts estropiés de sa femme Naelah. La vue de tels objets pendant de longues semaines ne cessait, comme l’espéraient les exposants, de faire couler les larmes des Syriens et d’accroître leur désir de vengeance contre les auteurs d’un tel acte.


Enfin – c’est bien la dernière raison que nous citerons mais qui n’en est pas autant la moindre – Mu’âwiyah avait réussi à maîtriser ses principaux notables par la corruption devenue notoire dans son entourage. Se soumettre à lui était devenu source d’un enrichissement rapide et illicite. Une phrase fort célèbre à cette époque résumait assez bien cet intérêt que certains trouvaient aux côtés de Mu’âwiyah : « Il vaut mieux être derrière l’Imam Alî pour la prière et à la table de Mu’âwiyah à l’heure du repas. »


3-Le recours aux moyens pacifiques par ‘Alî (P) en vue de raisonner Mu’âwiyah :

C’est fort du soutien de son armée et de ses notables et aveuglé par ses ambitions et convictions personnelles que Mu’âwiyah avait retenu pendant plusieurs semaines le messager que le Calife ‘Alî (P) lui avait envoyé dés son arrivée au Califat, pour lui demander de lui faire allégeance. Il tenait à faire de lui un témoin du désir de vengeance qui animait son armée. Ensuite il le fit retourner à Médine en compagnie de son propre messager.

Lorsque ‘Alî (P) ouvrit la lettre cachetée de Mu’âwiyah, il découvrit un contenu tout blanc. Le messager, invité à donner la signification d’un tel contenu, expliqua : « Sache donc que j’ai laissé derrière moi en Syrie soixante mille guerriers pleurant le meurtre de Usmân sous sa chemise tâchée de sang, exposée à côté de la chaire de la grande Mosquée de Damas, tenant tous à se venger de toi pour l’assassinat du Calife. »

Un exposé si insolent souleva l’ire des Compagnons du Prophète (p) au point qu’ils faillirent commettre l’irréparable sur le messager de Mu’âwiyah n’eût été l’intervention de ‘Alî (P). Le coursier, ravi devant une telle sagesse doublée d’une si grande bonté, s’amenda puis jura de rester fidèle à ‘Alî (P) pour toujours.

‘Alî demanda le témoignage de Dieu quant à son innocence dans ce crime et ordonna la proclamation d’une expédition contre Mu’âwiyah.

Une deuxième fois l’Imam envoya un message de paix à Mu’âwiyah, lui demandant de faire allégeance au nouveau Calife que lui ‘Alî était devenu par la volonté d’Allah et de son peuple. Jarîr Ibn Abdallah al-Bajalî, un vieil ami de Mu’âwiyah, gouverneur de Hamadân et chef des Banî Bajila, fut le porteur de ce message. Celui-ci se trouvait à Kûfa pour prêter allégeance à l’Imam ‘Alî (P).

On était au mois de Cha’bân 36 A.H. soit janvier 657 A.J.C. L’attente de son retour à Médine fut longue et pleine d’angoisse. Trois mois après son départ, il revint avec une réponse orale de Mu’âwiyah. Le récalcitrant lui faisait dire qu’il ne prêterait pas allégeance à ‘Alî (P) tant que les meurtriers de Usmân n’étaient pas punis.

Mâlik Al-Achtar reprocha à Jarîr son trop long séjour, certainement marqué par le plaisir, auprès de Mu’âwiyah. Mécontent d’une telle remarque, Jarîr quitta Médine et préféra rejoindre l’ambiance plus festive qui régnait autour de Mu’âwiyah.

Découragé par tous ces refus obstinés de Mu’âwiyeh de renoncer à ses ambitions égoïstes pour lui faire allégeance, ‘Alî (P) prit la ferme résolution de lever une expédition vers la Syrie. C’est ainsi qu’au mois de Thilqa’dah de l’an 36 A.H. (Avril 657 A.J.C.), ‘Alî (P) leva son armée en direction de Madâ’in en prenant la précaution de se faire précéder par une garde avancée. Ils traversèrent le désert mésopotamien puis l’Euphrate à Riqqah avant de se diriger vers l’Ouest. A Sour-al-Rûm, l’avant-garde de l’armée de ‘Alî mit en déroute l’avant-garde Syrienne.

4 - La rencontre à Siffine (Cifayin)  :

L’armée de ‘Alî ne rencontra plus de résistance jusqu’à son arrivée à Cifayin au mois de Thilhajjah de l’an 36 A.H. (Mai 657 A.J.C.). Les forces de Mu’âwiyah étaient déjà stationnées à cet endroit.

L’unique accès à l’eau de l’Euphrate, sous contrôle de Cifayin sur une longue distance, gardé par les guerriers de Mu’âwiyeh, fut interdit aux loyalistes. L’un des généraux de l’armée rebelle, Abul-Awar, y avait été placé à la tête de plusieurs milliers de combattants en vue d’assoiffer les guerriers de ‘Alî (P).

Ces derniers constatèrent dés leur arrivée cet état de fait et en rendirent compte à leur Calife. ‘Alî (P) envoya une délégation à Mu’âwiyah pour lui demander de libérer l’accès à l’eau car ils étaient tous liés par des liens de parenté malgré leur hostilité réciproque et qu’en plus si, lui ‘Alî (P) avait un tel avantage il ne l’aurait mis à la disposition des deux armées. Mu’âwiyeh, comme il fallait s’y attendre, refusa de renoncer à ce qu’il considérait comme la garantie de sa victoire.

Devant l’intransigeance de Mu’âwiyah et la soif des gens, Mâlik Al-Achtar et Ach’ath Ibn Qays obtinrent de ‘Alî (P) l’autorisation de mener chacun plusieurs milliers d’hommes, respectivement à la tête de la cavalerie et de l’infanterie, contre les troupes dirigées par Abul-Awar. Le but était de foncer dans les rangs ennemis et de remplir leurs outres de l’eau du fleuve. Une bataille s’engagea, qui vit la défaite des rebelles malgré l’arrivée des renforts dépêchés par Mu’âwiyah à la demande de Abul-Awar. Les rebelles battirent la retraite.

Les loyalistes s’installèrent à leur tour dans la zone d’accès à l’eau de l’Euphrate. Lorsque Mu’âwiyah, en position de faiblesse à présent, demanda ce qu’il venait de refuser de donner, ‘Alî (P) lui administra une belle leçon de sagesse et de magnanimité en donnant libre accès au fleuve, et de façon égalitaire, aux combattants des deux armées.


5 - Les combats :

Les combats, à proprement parler, engagés entre combattants lors de la bataille de Cifayin durèrent quarante jours. Cependant il y’eut entre-temps, après un mois de combat, une trêve pendant le mois sacré de Moharrem.

L’armée du Calife comptait quatre vingt six mille hommes répartis sur plusieurs colonnes commandées par Ammâr Ibn Yâcir, ‘Abdullâh Ibn Abbâs, Qays Ibn Sa’d Ibn Obâdah, Abdullah Ibn Ja’far, Mâlik al-Achtar, Ach’ath Ibn Qays al-Kindi, Sa’îd Ibn Qays Hamadânî, Ibn Hânî, Muhammad Ibn Abû Bakr et Al-Hassan Ibn ‘Alî.

Les hommes de Mu’âwiyah, au nombre de cent vingt mille, étaient également disposés en colonnes commandées par Amr Ibn al-Âç, Obaydullâh Ibn ‘Umar, Abul Awar, Thul Kala Homayri, Abdul-Râhman Ibn Khâlid Ibn Walîd, Habîb Ibn Maslamah, Bisr Ibn Artâ-âta et Yâzid al-Abassî.

Les hommes des deux camps s’engagèrent pendant le premier mois, Thilhajjah an 36 A.H., dans des combats singuliers presque, pourrait-on dire, ordonnés, d’où leur durée. ‘Alî (P) tenait au début à ce qu’il y ait le moins de victimes possibles, espérant toujours un règlement par le retour à la sagesse de Mu’âwiyah.

Après la trêve du mois de Moharrem pendant lequel le combat était interdit, les hostilités reprirent de plus belle. Pendant la première semaine du mois de çafar de l’an 37 A.H. (on venait d’entrer dans un nouvel an musulman) les combats firent beaucoup plus de victimes que d’habitude. ‘Alî (P) décida alors de précipiter la fin de cette guerre en s’impliquant personnellement dans l’assaut final.

Nous vous signalerons deux événements, l’un majeur et tragique l’autre comique, qui s’étaient déroulés lors de cette attaque.

C’est d’abord la mort au combat du patriarche Ammâr Ibn Yâcir, celui-là à qui le Prophète avait dit :

« Tu seras tué un jour par la partie rebelle et déviée, Ô Ammâr ! »

La mort de Ammâr, héros de la bataille de Badr et Compagnon favori du Prophète, était regrettée tant du côté des partisans de ‘Alî (P) que de celui des rebelles. Elle fut provoquée par la lance assassine de Jowayr Oskoni un guerrier de Mu’âwiyah.

A présent que Ammâr était mort et qu’on savait qui l’avait tué et qu’on se rappelait ce que le Prophète avait dit de ceux qui le tueront, il devenait évident, tout au moins aux yeux des hommes de ‘Alî (P), que la partie rebelle et déviée était bien celle de Mu’âwiyah.

Comme il fallait s’y attendre, le doute s’empara des guerriers de Mu’âwiyah et la discorde s’installa. Et comme un soldat ne doit pas douter devant l’ennemi, Amr Ibn Al-Âç le rusé conseiller de Mu’âwiyah renversa intelligemment le sens de l’accusation en disant :

« Et qui d’autre a tué Ammâr, si ce n’est ‘Alî (P), le rebelle, en l’amenant ici ? »

‘Alî (P) répliquera à ceux qui lui rapportèrent ces paroles de Amr : « Si ce qu’il dit pouvait être vrai alors on aurait pu également dire que c’est le Prophète (P) qui a tué Hamzâ à Ohod pour l’y avoir amené. »

Un adage dit : « Cheytan (Satan) n’a pas dit la vérité mais il a semé le doute dans les esprits. » L’argutie était certes tordue mais elle eut un effet positif dans les rangs de l’armée Syrienne. Cette répartie facile fit le tour de l’armée et sembla convaincre les soldats.

L’autre événement quasi-comique mais important pour mieux éclairer le lecteur sur les qualités extraordinaires de l’Imam ‘Alî (P), se déroula entre deux acteurs : ‘Alî (P) et Amr Ibn al-Âç. Le premier était souvent amené à se déguiser afin de pouvoir avoir des candidats qui accepteraient de se battre contre lui. On dit même qu’il se déguisa plus de soixante dix fois ! Une fois, Amr Ibn al-Âç, s’étant assuré que ‘Alî (P) n’était pas dans le groupe qu’il voulait attaquer, s’enhardit en lançant des paroles défiantes envers le Calife.

Quand il se rapprocha de l’Imam ‘Alî (P) et que celui-ci lui répondit par des mots qui l’identifièrent, Amr fit un volte-face fulgurant et détala de toute la force de son cheval lequel souffra le martyre sous les coups de fouet et d’éperon de son maître apeuré. ‘Alî (P) se mit à sa poursuite et, dés qu’il l’atteignit, le fit tomber de cheval avec la pointe de sa lance. Amr chuta, et dévoila ses parties intimes pour obliger ‘Ali (P) à se détourner de lui.

Devant un spectacle aussi humiliant et profane, ‘Alî (P) eut la magnanimité (encore une fois) de laisser la vie sauve à son ennemi tout en lui faisant observer qu’il ne devait plus oublier les circonstances honteuses auxquelles il devait la vie sauve.

Amr fera l’objet de moqueries succulentes de la part de Mu’âwiyah à qui il répondit d’ailleurs qu’il n’avait pas plus de mérite que lui Amr.

La finale de la bataille de Cifayin eut lieu les 11, 12 et 13 Çafar de l’an 37 A.H. Les forces de ‘Alî (P) s’étaient lancés dans la bataille de façon décisive. Ils attaquèrent à outrance et sans répit avec l’objectif d’en finir avec l’ennemi. La pleine lune du 13 Çafar permit aux combattants de ‘Alî (P), notamment à Mâlik Al-Achtar le héros de cette guerre, de faire une véritable razzia sur l’armée des rebelles. Au matin du lendemain, les Syriens constatèrent avec désarroi leur repli forcé et les pertes énormes que les loyalistes leur avaient infligées.

Mu’âwiyah était sur le point de capituler (par la fuite) lorsque le rusé Amr Ibn al-Âç lui proposa une issue de secours très habile mais combien malhonnête. Amr expliqua sa ruse :

« Courage, Mu’âwiyah ! Ne te décourage pas ! J’ai imaginé le moyen de prévenir la crise. Appelle l’ennemi à la Parole de Dieu en levant haut le Livre Sacré. S’il accepte, cela te mènera à la victoire, et s’il refuse de subir l’épreuve, la discorde sévira dans ses rangs. »


6-La supercherie pour éviter la capitulation :

Mu’âwiyah n’avait plus le choix. C’était soit s’enfuir (son cheval était déjà prêt) soit tenter la ruse de Amr. Il choisit la deuxième alternative. Ainsi ses partisans levèrent plus de cinq cents exemplaires du Coran accrochés à la pointe de leur lance et, les montrant à leurs adversaires, crièrent :

« Laissons au Livre de Dieu le soin de décider de nos différends. »

Les partisans de ‘Alî (P), Ach’ath Ibn Qays en tête, n’hésitèrent pas une seconde, obnubilés qu’ils étaient par la crainte de ne pas répondre à une telle épreuve qu’ils croyaient sincère. Ils déposèrent leurs armes et répondirent comme un seul homme : « Oui, le Livre de Dieu ! Laissons-le décider de nos différends. »

‘Alî (P) s’opposa avec toute la véhémence possible à la proposition de l’adversaire et tenta d’en éloigner ses soldats : « C’est une supercherie, leur lança-t-il. Craignant la défaite, ces hommes malveillants ont trouvé cette astuce de sauvetage. » Puis, lorsqu’on lui reprocha de refuser de se soumettre à la décision du Coran auquel l’appelaient ses ennemis, il ajouta : « C’est pour les amener au Coran que je les ai combattus si longuement. Ce sont des rebelles. Allez donc combattre votre ennemi. Je connais Mu’âwiyah, Amr Ibn al-Âç, Ibn Abî Sarh, Habîb et Dhohâk mieux que vous. Ils n’ont pas d’égard ni pour la religion ni pour le Coran »

Malheureusement, ses hommes avaient déjà fait leur choix et menacèrent même leur Calife au cas où il refuserait l’appel des rebelles.

L’intransigeance incompréhensible de ces hommes fit d’eux, dans l’histoire, les khawârij (khâridjites) c’est-à-dire les sécessionnistes.

Devant le refus de Mâlik Al-Achtar de revenir du champ de bataille où il tenait à continuer le travail commencé, ils exigèrent de ‘Alî (P) qu’il le fasse revenir. Ce que ‘Alî (P) fit au grand désarroi de son chef de guerre intrépide. Il lui lança ce message pathétique :

« A quoi sert la victoire lorsque la trahison sévit à l’intérieur de mon propre camp. Reviens tout de suite avant que je sois tué ou livré à mes ennemis. »

Mâlik cracha à la face des khawârij son mécontentement et la lâcheté de leur décision. Ceux-ci ripostèrent par des insultes et ‘Alî (P) dût intervenir pour calmer les nerfs.


7-Le traité d’arbitrage :


Ach’ath Ibn Qays, qui s’était fait remarquer parmi les khawârij, obtint de ‘Alî (P) la permission d’aller prendre auprès de Mu’âwiyah la signification précise de l’acte de ses soldats. A son retour, il leur apprit que Mu’âwiyah et ses hommes proposaient qu’un juge soit nommé de part et d’autre et que leur différend leur soit soumis. Le verdict conforme au Coran que ces deux juges donneront sera alors définitivement appliqué à tous. On demanda l’avis de ‘Alî (P) qui s’en abstint en disant simplement que celui qui n’est pas libre ne peut donner son avis. ‘Alî (P) leur suggéra de « régler l’affaire de la manière qu’ils estimaient convenable pour eux-mêmes ».


Abû Moûssâ al-Acharî, l’ex-gouverneur de Kûfa qui n’avait pas pris part aux combats, fut choisi par les Khawârij comme le juge du camp des loyalistes. ‘Alî (P) suggéra à sa place Abdullâh Ibn Abbâs le cousin du Prophète (P) car Abû Moûssâ n’avait pas participé aux combats et en plus avait été destitué par lui. Les khawârij tournèrent en dérision ce choix du Calife et maintinrent le leur.


Du côté des Syriens, le choix de Amr Ibn al-Âç s’imposait bien évidemment au vu de sa roublardise inouïe mais aussi du fait qu’il était l’initiateur de ce plan diabolique.

Les deux juges se présentèrent dans le camp de ‘Alî (P) pour la rédaction de l’acte d’arbitrage. Un premier désaccord apparut dés le début. Sous la dictée de ‘Alî (P), l’acte commençait par :

« Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Voici ce qui a été agréé entre le Commandeur des Croyants, Alî (p), et … »

Amr Ibn al-Âç objecta que ‘Alî (P) n’était pas leur Commandeur à eux les Syriens et qu’il fallait s’en tenir à « ‘Alî (P) et Mu’âwiyah ». ‘Alî (P) se rappela la prophétie du prophète (P) qui lui avait dit qu’il viendra un jour où il aura à faire la même concession qu’il venait de faire ce jour-là. C’était lors de la signature du traité de Hudaybiyyah entre le Prophète (p) et les arabes païens. C’était à propos de la fréquentation de la Kâbah par les deux groupes. Les Quraych s’étaient opposés à ce qu’on ajoute au nom du Prophète (p) son titre de « Messager de Dieu ».

‘Alî accepta finalement d’enlever son titre du texte après toutefois ce rappel important. Il tenait à leur montrer que ceux qui avaient lutté contre le Prophète (p) (Abû Sofian, Abû Jahl, Abû Lahâb, etc.) avait laissé derrière eux une descendance qui assurait la continuité de leur action contre la famille du Prophète (p) porte-flambeau de la pureté des enseignements de Dieu et de Son illustre Envoyé.

L’acte d’arbitrage fut signé le Mercredi 13 Çafar de l’an 37 A.H. (31 Juillet 657 A.J.C.) par ‘Alî (P) et Mu’âwiyah.

Les juges prêtèrent le serment de juger en étroite conformité avec le Coran et en toute impartialité dans un endroit situé à égale distance de Kûfa et de Damas. Les deux parties, quant à elles, s’engagèrent à appliquer la décision des juges, laquelle décision devait intervenir sept mois plus tard. Pendant ce temps une trêve devait être observée.

Ainsi ‘Alî (P) et Mu’âwiyah suivis de leurs partisans rentrèrent respectivement à Kûfa et à Damas.


8-Le bilan de la bataille de Cifayin :

Selon Abul Fidâ, quatre vingt dix batailles avaient été livrées à Cifayin. Pour la plupart des historiens soixante dix mille hommes y perdirent la vie dans les deux camps dont quarante cinq mille Syriens (de Damas et Mu’âwiyah) et vingt cinq mille Irakiens (Kûfites de Alî).

Du côté de Alî les chefs qui disparurent lors de cette bataille sont : Ammâr Ibn Yâcir, Hâchim Ibn Otbah, Khazimah Ibn Thâbit, Abdullâh Ibn Boydal et Abdul Hâthîm Ibn Tayhân. Chez Mu’âwiyah les « illustres » disparus étaient Thul-Kala, Homayrî, Obaydullâh Ibn ‘Umar, Hochâb Ibn Thil-Zalim et Habîb Ibn Sa’d al-Tay.


9-La décision des juges ou la perfidie de Amr Ibn al-Âç :

Le jour convenu arriva et les juges désignés, Abû Moûssâ al-Acharî et Amr Ibn al-Âç, se rejoignirent au lieu du rendez-vous comme prévu, chacun escorté par une délégation de 400 personnes.

De nombreux chefs et notables vinrent de Médine, de la Mecque, d’Irak et de Syrie pour assister à la prise de décision qui devait engager l’avenir de toute la Umma.

Amr Ibn al-Âç connaissait les points faibles de Abû Moûssâ al-Acharî. Par exemple qu’il suffisait de lui montrer beaucoup de considération pour l’avoir sous son joug. C’est ce qu’il fit en le prenant dés le début avec des égards exceptionnels qui comblèrent Abû Moûssâ.

Amr lui fit admettre sans difficulté que Usmân avait été ignoblement assassiné. Ensuite il tenta de le convaincre qu’il était normal que Mu’âwiyah lui succéda car ce dernier était le vengeur du sang de son proche parent qu’était Usmân, doublé d’un chef compétent. Abû Moûssâ refusa cette référence au sang sinon, trouva-t-il, les fils du défunt seraient mieux placés que Mu’âwiyah sur ce plan. Amr lui demanda alors de faire une proposition. Abû Moûssâ répondit :

« Ecartons ‘Alî (P) et Mu’âwiyah pour laisser les Croyants élire une tierce personne. »

Amr se dit d’accord avec son interlocuteur et le pria d’aller ensemble annoncer la décision qu’ils venaient de prendre de commun accord. Au moment d’annoncer publiquement leur décision, Amr insista pour que Abû Moûssâ montât le premier sur la tribune pour faire sa déclaration, par courtoisie pour l’homme de ‘Alî prétexta-t-il. Abû Moûssâ fit preuve de toute sa naïveté en acceptant sans précaution de dire au public :

« Frères ! Amr al-Âç et moi-même avons ensemble examiné la question profondément, et conclu que le meilleur moyen possible de restaurer la paix et d’effacer la discorde du peuple est de déposer à la fois ‘Alî (p) et Mu’âwiyah du Califat afin de laisser au peuple le soin de choisir à leur place un homme meilleur. C’est pourquoi, je destitue à la fois Alî et Mu’âwiyah du Califat auquel ils prétendent, de la même façon que je retire cette bague de mon doigt ».

Amr monta à son tour et fit la surprenante déclaration suivante :

« Vous avez entendu comment il a déposé son chef ‘Alî (P). Pour ma part, je le dépose également et j’investis mon chef Mu’âwiyah du Califat, et je l’y confirme, de la même façon que je mets cette bague à mon doigt. Je fais ceci avec justice car Mu’âwiyah est le vengeur de Usmân et son successeur légal. »

La stupéfaction était générale. De part et d’autre personne n’avait songé à pareille duperie. Abû Moûssâ, complètement dépassé par la mauvaise foi sans limite de son collègue, ne trouvait aucune explication à un revirement aussi diamétral sinon de reconnaître qu’il a été dupé.

Amr descendit de la tribune sous un tonnerre d’applaudissements des Syriens qui ne pouvaient espérer une meilleure issue dans cette affaire. Pendant ce temps les Kûfites ne parvenaient pas à contenir leur rage contre Amr mais encore plus contre Abû Moûssâ à qui ils ne manquèrent pas de le lui montrer à travers des injures et même des coups de fouet, notamment du chef de l’escorte Kûfite, Churay.

Le fils de ‘Umar, Abdullâh Ibn ‘Umar fit de cet événement un commentaire qui résumait le long fleuve de commentaires qui coula à propos de cette décision :

« Voyez ce qui est arrivé à l’Islam. Sa plus grande affaire a été confiée à deux hommes dont l’un ne distingue pas le bon droit de l’erreur, et l’autre est un nigaud. »

Abû Moûssâ fit vite de se retirer par la suite à la Mecque où il mourut malheureux cinq ou quinze ans plus tard selon les auteurs.

A Damas Mu’âwiyeh fut proclamé nouveau Calife et fêté comme tel. A partir de ce moment-là les affaires de Mu’âwiyah commencèrent à prospérer tandis que le pouvoir de ‘Alî (P) s’effritait de jour en jour.


10-La position de ‘Alî (P) concernant les décisions des juges :

Le jugement n’ayant pas été juste encore moins conforme au Coran, ‘Alî (P) ne pouvait que le rejeter. Il prit alors la décision de reprendre les hostilités contre l’ennemi Mu’âwiyah. Il avait tenu à respecter la trêve signée entre les deux parties malgré sa volonté, sous la menace des khawârij comme nous l’avons vu précédemment.

En effet les jugements qui venaient d’être dits – il y en avait bien deux et non un comme convenu – étaient contradictoires malgré l’accord préalable entre les deux juges. Dés lors l’acte d’arbitrage avait été violé car il était entendu que les juges devaient se concerter et se mettre d’accord sur une décision commune et conforme au Coran mais évidemment non contradictoire. Ensuite cette décision prise de commun accord devait être appliquée aux deux parties en conflit.

On ne comprendrait d’ailleurs pas qu’il pût en être autrement sinon ils n’auraient pas eu à se concerter si chacun pouvait juger séparément de l’autre. Il est évident qu’un tribunal ne peut donner deux jugements définitifs contradictoires sur une même affaire.

A juste raison ‘Alî (P) ne se sentait donc pas concerné par de telles décisions basées sur une tromperie, ridicule d’ailleurs et contraire à l’esprit et à la lettre du Livre Sacré qui bannit la fourberie et l’hypocrisie dont avait usé et abusé Amr Ibn al-Âç.

La trêve conclue entre les deux factions en guerre devant être respectée jusqu’à la proclamation du verdict des juges, le Calife n’était donc plus lié par un quelconque engagement. C’est ainsi qu’il appela ses partisans à la reprise des hostilités contre Mu’âwiyah.


La Bataille de Nahrawân

Les khawârij restèrent malgré tout dans leurs croyances erronées. Et même pire, ils commencèrent à mener des actions terroristes dans les villages qui les entouraient.

Ils tuèrent un voyageur et éventrèrent une femme enceinte.Là l’Imam ‘Alî (P), qui avait commencé sa marche vers la Syrie de Mu’âwiyah, décida de faire un détour vers Nahrawân, le siège des khawârij.Ses soldats craignaient à juste titre que les terroristes khawârij ne s’en prennent à leurs familles laissées sans défense derrière eux.

Ayant fait camper ses troupes aux environs de Nahrawân, ‘Alî (P) envoya un message aux hérétiques pour les raisonner mais aussi demander à ceux d’entre eux qui le voulaient de le rejoindre encore qu’il était temps. De 12000 leur nombre passa à 3000 après le ralliement à ‘Alî opéré par ceux qui étaient convaincus par ses arguments mais aussi ceux qui craignaient pour leur vie.

Ces 3000 khawârij irréductibles attaquèrent l’Imam ‘Alî (P) et eurent le triste sort qu’ils méritaient. L’armée de ‘Alî (P) s’en tira avec moins d’une dizaine de morts.

Les quelques rares blessés parmi les khawârij furent remis à leurs parents par ‘Alî (P). Ces rescapés, renforcés par les hypocrites qui avaient rallié l’armée de ‘Alî (P) par crainte pour leur vie, ressusciteront par la suite le mouvement khâridjite qui venait d’être presque décimé.

La bataille de Nahrawan contre les khawârij :

La formation de la rébellion khâridjite :

Revenons un tout petit peu en arrière. Sur le chemin du retour à Kûfa, un bon nombre de soldats de ‘Alî (P) murmuraient quelques critiques à l’encontre de l’action de ‘Alî (P). Les futurs khawârij qui, pourtant l’avaient forcé à signer l’acte d’arbitrage avec son corollaire de trêve, reprochaient à leur Calife d’avoir accepté le jugement des hommes à la place de celui de Dieu. Tout un programme qui allait se fanatiser et devenir une véritable hérésie contre tous ceux qui voulaient commander d’autres hommes. Ils n’arrivèrent pas à Kûfa avec le reste des troupes mais campèrent dans un village du nom de Harora.

Leur credo fut fondé sur une mauvaise interprétation d’un verset du Coran :
« La hukma illâ lillâh », soit « il n’y a pas de jugement si ce n’est celui de Dieu ».

Ils professaient que nul homme n’avait le droit de commander d’autres hommes ni de prêter allégeance à son prochain. Donc point besoin de Calife. De plus, pour eux ‘Alî (P) avait à se repentir pour avoir commis « l’apostasie » d’accepter le jugement des hommes alors que seul Dieu avait le droit de juger.

Quand il eut vent de leurs récriminations contre lui, ‘Alî (P) alla les voir dans le lieu de leur retraite et leur expliqua qu’ils faisaient une mauvaise lecture du verset du Coran qu’ils aimaient citer. Dieu y faisait comprendre que tout jugement devait se fonder sur la Vérité absolue et infaillible du Livre car toute autre référence en dehors du Coran, du Prophète et de sa descendance n’est pas protégée de l’erreur.

Son refus de continuer le combat après avoir signé l’accord de trêve sur leur propre insistance, relevait du respect de la parole donnée conformément aux enseignements du Coran. Cependant s’il était établi que les juges n’avaient pas respecté leur serment il allait reprendre les combats.

Le Martyre de l'Imam Ali

l'Imam Ali mourut le 21 du mois de Ramadhan de l'an 40 après l'Hégire, mortellement blessé à la tête par un Khârijite du nom de Ibn Muljim alors qu'il était entrain de dirigeait la prière le 19 Ramadhan au matin (il se prosternait). l'épée était empoisonné, il mourut 3 jours après le coup.

Le meurtrier fut attrapé et emmené devant Imam Ali (AS). Quand l'Imam a vu que les cordes attachant ibn Mouljim étaient trop serrées, il ordonna qu’elles soient rendues moins serrées et dit aux musulmans de le traiter humainement et avec respect. En entendent cela, ibn Mouljim commença à pleurer ; Imam l’a dit : "Il est trop tard pour se repentir. Est-ce que j’étais un mauvais Imam ou un gouverneur injuste ? Plus tard, le maudit Ibn Mouljim sera jugé et exécuté.

Avant de mourir, l'Imam désigner son successeur, l'Imam Hassan





Bref aperçu sur la vie de l'Imam Ali (voir aussi le film et la serie sur l'imam Ali dans "Films et series")


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